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Le geste architectural pour l'image... et l'appât

Date de publication: 1 mars 2013
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Pour attirer celles et ceux qui leur permettront d'innover, certaines entreprises n'hésitent pas à tenter le « geste architectural ». Non seulement pour prouver que l'innovation est inscrite dans leurs gênes, mais aussi pour offrir à ces jeunes talents des conditions de travail idéales.

L'Orangerie : tel est le nom du vaisseau amiral qui accueillera, d'ici l'été à Seraing, quelque six cents collaborateurs du groupe d'ingénierie CMI (Cockerill Maintenance et Ingénierie). Véritable geste architectural, qui se caractérisera notamment par un imposant porte-à-faux flottant à 8 m du sol et un moucharabié aux reflets dorés qui recouvrira les façades les plus exposées, ce nouveau siège social a pour ambition de projeter le groupe dans le XXIe siècle tout en en respectant une histoire qui, ainsi qu'en témoigne le Château Cockerill adjacent, remonte à plusieurs siècles.

Ce nouveau quartier général va considérablement renforcer notre attractivité, estime Bernard Serin, à la tête de ce groupe qu'il a racheté il y a dix ans et brillamment redressé depuis lors – un chiffre d'affaires de près de 800 millions et 30 millions de profit opérationnel, en 2012, en témoignent. L'essentiel de notre activité, actuelle et future, repose sur la capacité d'innovation de nos ingénieurs, techniciens, informaticiens, entre autres. Il sera à l'évidence beaucoup plus facile de les attirer – ou de les conserver – en disposant d'un tel outil qui, visuellement, reflète bien mieux ce que nous faisons.

Actif dans l'ingénierie et la maintenance d'équipements pour la production d'énergie, la sidérurgie et la défense, CMI est plus que jamais dépendant de sa performance à l'innovation. La capacité de production mondiale d'acier a doublé, à 1,5 milliard de tonnes à l'échelle mondiale, depuis 1998 : en tant que fournisseur d'équipements, dans un tel marché promis à stagner, nous devons inventer de nouvelles solutions qui permettront aux producteurs d'économiser de l'énergie, de rejeter moins de CO2, de mieux contrôler leurs effluents, analyse Bernard Serin qui cite un autre exemple : Dans la production d'énergie solaire, nous venons d'effectuer une percée en concevant une chaudière qui, juchée au sommet d'une tour en Afrique du Sud, est capable de gérer l'énergie qui lui est renvoyée par des champs de miroirs. Il est évident que de tels projets sont séduisants pour de jeunes ingénieurs... pour autant que nous sachions préalablement capter leur attention dans un marché de l'emploi soumis à une réelle pénurie de talents.

Plutôt que d'œuvrer dans d'anciens bâtiments épars qui, parfois, témoignent encore crûment du déclin de l'activité industrielle, manufacturière, qui fut celle de cette entreprise pendant de nombreuses décennies, les six cents collaborateurs concernés – sur un effectif global de 1 250 personnes en Belgique et 3 700 à l'échelle mondiale – bénéficieront donc de conditions de travail idéales, imaginées pour faire tomber les barrières techniques ou sectorielles et promouvoir la multidisciplinarité. La moitié de nos collaborateurs n'étaient pas actifs dans l'entreprise il y a dix ans, relève Brigitte Coppens, responsable de la communication de CMI. C'est à cette jeune génération, et à celles et ceux qui vont nous rejoindre à l'avenir, que nous avons pensé en priorité.

Des exemples ? Les bureaux paysagers seront dotés de postes de travail nomades, adaptés aux modes de fonctionnement par projet et à l'accueil de collaborateurs ponctuels (en provenance de l'étranger par exemple). Des espaces de vidéoconférence permettront aux équipes de collaborer avec le « reste du monde » (filiales, clients, fournisseurs, gestionnaires de chantier au Brésil ou en Chine, notamment) sans être astreints à de longs voyages, limitant de la sorte le coût, les pertes de temps, les émissions de CO2 et le stress qui y sont liés, précise Brigitte Coppens qui cite également la multiplication d'espaces dédiés à la convivialité et la communication ainsi que l'attention particulière portée à l'environnement (économie d'énergie, d'eau, de papier, tri sélectif des déchets, utilisation d'emballages non recyclables proscrite dans l'enceinte du bâtiment, notamment).

Hasard du calendrier, un autre groupe lui aussi « grand consommateur d'ingénieurs » (comme GDF Suez, Elia ou Techspace Aero, entre autres), a lui aussi décidé de renforcer son attractivité... par le biais d'un siège social flambant neuf : AGC Glass Europe, en effet, invitera bientôt ses collaborateurs au sein d'un bâtiment tout de verre vêtu, à Louvain-la-Neuve. Les exigences adressées à l'architecte ? Un immeuble « vert » dans sa construction et sa gestion, répondant aux meilleurs standards en termes de construction durable, à la fois intemporel de haut niveau, sans luxe ostentatoire tout en en offrant un environnement de travail basé sur la flexibilité et l’efficacité, favorisant la communication informelle et l’échange. Bref, une vitrine que les responsables du groupe ne manqueront pas de mettre en exergue, visites à la clé, pour séduire les meilleurs candidats à un éventuel recrutement.

39 000 € brut

C'est la rémunération minimale annuelle brute d'un ingénieur en début d'activité, cette rémunération étant entendue en dehors des avantages extralégaux les plus courants comme l'assurance hospitalisation, la pension extralégale, les chèques-repas, l'ordinateur et le téléphone, une éventuelle voiture de société. Compte tenu du double pécule de vacances, cette rémunération correspond à un salaire mensuel brut de 2 800 € payés 13,92 fois par an.

55 000 € brut

C’est le salaire annuel d’un ingénieur en efficacité énergétique, avec quelques années d’expérience et à la tête d’une équipe. Pour les ingénieurs et chargés d'affaires, responsables du développement commercial de solutions d'efficacité énergétique ou de services énergétiques, l'échelle de rémunération va de 55 000 € annuels à 120 000 € pour des fonctions de direction commerciale ou de business développement.

250

C'est le nombre de chercheurs qui seront fédérés au sein de GEM, une nouvelle association pour la recherche en génie mécanique, métallurgique et ingénierie des matériaux, portée par trois centres de recherche (Cenaero, CRM et Sirris) et les représentants de plusieurs grands secteurs industriels (Agoria Fédération de l’industrie technologique, les entreprises wallonnes membres du CRM et les pôles de compétitivité Mecatech et Skywin). Les trois centres de recherche concernés sont des poids lourds de l’innovation industrielle en Wallonie : un budget annuel de 25 millions d’euros pour 250 chercheurs qui réalisent chaque année près de 2 000 interventions en faveur des entreprises.

 

Benoît July