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Le grand saut digital

Date de publication: 14 mars 2014
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De plus en plus, les directions marketing, commerciales et organisationnelles intègrent en leur sein des compétences IT pour préparer leur transition numérique. Mais si les postes de data miner, de digital officer ou de technical account manager ont longtemps fait rêver les entreprises, ils deviennent aujourd'hui leur condition de survie... Alors, fin du hype, place aux embauches ?

Il y a eu l’année érotique, chantée en 1969 par Serge Gainsbourg. 2014 pourrait décrocher le titre d'année numérique. Objets connectés, dématérialisation des services de l'État, des factures et des commerces, guichets en téléservice, numérisation des archives et de documents... Les mutations provoquées par la révolution numérique sont multiples et s'ancrent dans le quotidien de toutes les organisations. En quelques années, les directions sales et marketing, RH et financières sont devenues de véritables puissances informatiques. Engagées dans la transformation numérique de leurs activités, elles s’entourent de nouvelles compétences en data et analytics, en marketing numérique et e-commerce.

Mais si les postes de data crunchers, d'interactive marketing strategists ou de digital officers alimentent les fantasmes, ils n’existent aujourd’hui que dans 12 % des organisations. Et la pénurie de ces profils, venant s'ajouter à  celle, traditionnelle, d'informaticiens, pourrait devenir un frein au développement de l'économie numérique belge... Selon Comeos, la fédération belge du commerce, ce sont 36 197 emplois (directs et indirects) qui risquent de disparaître d’ici 2018, si rien n'est fait. Il y a un retard, en Belgique, sur les usages avancés de l'ICT. Mais la raison qui tombe systématiquement, c'est le manque de compétences internes. Or, pour percer, les entreprises ont besoin de gens qui ont un pied dans les deux mondes : des profils très technologiques, mais avec une perception des enjeux commerciaux. Le must ? Des « account managers techniques » capables d'accompagner la mutation numérique des entreprises, explique André Blavier, expert du pôle communication de l'Agence wallonne des télécommunications (ATW).

Un exemple parmi d'autres, la société PFSweb Europe, fournisseur de services logistiques spécialisé dans l'e-commerce et le service clientèle B2B et B2C, doit embaucher cinquante personnes pour son site à  Grâce-Hollogne. Dont six profils spécialisés en interactive marketing. Or, ces profils sont tellement rares que nous devons les recruter à  l'étranger, constate Anabelle Kinet, Sales & Marketing Director de PFSweb Europe. Le groupe de presse Rossel, lui aussi en plein virage numérique, cherche pour sa part des digital marketers, des spécialistes du CRM, et des commerciaux avec des compétences transversales, insiste Thierry Hugot, directeur commercial et marketing du groupe Rossel. Et de préciser : Aussi à  l'aise avec les technologies qu'avec les techniques de négociation.

Mais le grand saut digital ne s'arrête pas aux disciplines commerciales. Bureau sans papier, automatisation des flux de facturation, numérisation des archives... Si la dématérialisation est aujourd’hui ancrée dans l’univers professionnel, elle engendre aussi de nouveaux emplois. Bien au-delà  des fonctions informatiques. Basée à  Luxembourg, mais active sur le marché belge depuis quinze ans, Numen s'est ainsi spécialisée dans le domaine du patrimoine immatériel des organisations. C'est cette société qui a numérisé les plans des chemins de fer belges. Elle a également scanné 3 millions de pages de journaux pour la Bibliothèque royale de Belgique et exploite, en moyenne, 3 millions de factures par an. Nos services dépassent de loin la numérisation, l'archivage et la simple indexation électronique. Aujourd'hui, la dématérialisation des documents permet de canaliser un tel nombre de données qu'on peut croiser des sources dans plusieurs langues et en faire ressortir des données capitales pour la prise de décision, observe David Gray, directeur de Numen Europe. Et d'insister : Chez nous, même le documentaliste se double de compétences techniques dignes d'un ingénieur. Parce qu'on lui demande de gérer et d'exploiter ces données. Et à  côté du data mining, une nouvelle discipline voit le jour : le text mining, où ce sont les repères verbaux qui pèsent dans la sélection.

En ce moment, la société recrute cinq opérateurs de production et un commercial pour développer ses activités en Belgique. Nous sommes vraiment sur des profils de niche. Le plus difficile, c'est de trouver des commerciaux, des informaticiens et des services managers pour accompagner nos clients, confie David Gray. Il y a peu de filières spécialisées dans ce domaine. Du coup, on recherche plutôt des profils qu'on va former à  nos métiers et à  leurs aspects techniques, en interne, pendant six à  neuf mois.

 

48 000 €

C’est le salaire annuel brut d’un Digital Marketing Manager ou d'un e-Commerce Manager, avec 3 à  7 années d'expérience. Au-delà , les salaires peuvent atteindre 55 000 € à  64 000 € brut. Les e-Commerce Managers peuvent tabler, par ailleurs, sur une part variable de 20 %, à  laquelle s’ajoutent des packages extralégaux.

5,6 %

Le commerce électronique représente aujourd’hui 5,6 % du chiffre d’affaires total du commerce de détail en Belgique. D’ici 2018, a calculé Comeos (la fédération du commerce et des services de Belgique), cette part avoisinera les 10 % ou les quelque 10 milliards d’euros. Soit le niveau actuel de la Grande-Bretagne.

La tendance du marché

La tendance, chez les employeurs, c'est d'attirer ces expertises en interne. Du coup, les recrutements de talents numériques ne cessent de grandir, confie Julien Amiach, Executive Manager chez Michael Page Belgique. Cette année, les responsables des départements numériques cherchent surtout des candidats avec des profils analytiques, capables de placer le ROI au cœur de leurs activités, souligne Julien Amiach.