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Le management doit se réinventer

Date de publication: 5 févr. 2018
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Les quelques lignes qui suivent vont choquer les plus carriéristes d’entre vous. S’il leur était proposé de devenir manager au sein de leur entreprise, la plupart des travailleurs répondrait par la négative. Derrière ce constat se cache une évolution : les postes de manager attirent de moins en moins.

manager

Ce constat a été soulevé début 2017 par une étude du ManpowerGroup sur les jeunes de 20 à 35 ans. Seuls 3 % des jeunes Belges interrogés espèrent arriver au sommet de leur boîte et 1 % a envie de gérer des équipes. Récemment, l’école de business Audencia révélait que 79 % des salariés ne voulaient pas devenir managers. Un désaveu.

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Raisons d’un désamour

« Derrière ce désamour, il faut se demander ce qu’est devenu le métier de manager» , énonce François Pichault, professeur à l’HEC Liège et président du laboratoire d’étude Lentic. « Ces fonctions sont devenues nettement moins attractives que par le passé. Prenons l’exemple d’un jeune ingénieur. Pour lui, la perspective de devenir manager n’est pas spécialement intéressante : il passera son temps à faire du reporting, à compléter des tableaux Excell ou encore à organiser des séances de coaching. Il n’est pas spécialement préparé à affronter ces tâches. De plus, il aura bien souvent l’impression qu’elles l’empêchent d’effectuer son vrai travail d’ingénieur. » Selon l’étude d’Audencia, 56 % des travailleurs sont effrayés par la lourdeur administrative liée à ces fonctions. Pour 61 % des répondants, le stress est particulièrement redouté et 42 % mentionnent le manque de reconnaissance interne.

L’image des managers a également évolué, comme l’explique Sébastien Delfosse, HR & Legal Director Belux pour le ManpowerGroup : « toute l’image qui existe autour de la réussite est en train de changer. Longtemps, elle a été celle d’un leader en entreprise, qui assumait beaucoup de responsabilités et comptait de nombreuses personnes en dessous de lui. L’évolution porte les entreprises vers des types d’organisations plus matricielles et collaboratives. Dans ce mouvement, les attentes évoquées par les employés vis-à-vis de leur manager concernent le soutien, l’écoute ou l’encouragement. Le rôle du manager a peu à peu perdu de sa symbolique » .

A cela s’ajoute le fait que, pour beaucoup de travailleurs, maintenir un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est un élément clé au moment de faire un choix de carrière. Pour beaucoup, le choix est vite fait, malgré les avantages salariaux. Surtout lorsque ces avantages sont liés à la performance de l’équipe managée, ce qui apporte son lot de compétition et de stress.

En contre-pied de ces constats bien pessimistes pour les fonctions de manager, il est tout de même intéressant de remarquer que, « pour une personne souhaitant monter les échelons dans son entreprise, les postes de managers restent bien souvent les plus intéressants » , comme le souligne Mathieu Pleyers, conseiller et professeur invité à l’ULB.

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Un rôle qui change et qui doit évoluer

Le rôle du manager évolue et ceux qui y accèdent présentent des profils différents. Le manager est aujourd’hui devenu un accompagnateur développant une large série de « soft skills » pour aider son équipe à répondre à ses objectifs. Mais que se passerait-il si le management disparaissait ? Cette théorie est celle de l’entreprise dite libérée. Concept aujourd’hui remis en doute (voir page précédente). Pour beaucoup, comme pour Sébastien Delfosse, le rôle du manager va, au contraire, devenir de plus en plus important. « Il est nécessaire de clarifier le rôle des managers au vu des transformations – digitales notamment – que vivent les organisations. Je crois que les compétences des managers vont déterminer si cette transformation sera réussie ou non. »

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Que faire pour inverser la balance ?

Les pistes sont nombreuses pour inverser la tendance et Mathieu Pleyers nous confie ses propres observations. « Je pense tout d’abord qu’il faut laisser aux managers la possibilité de faire des erreurs. Ensuite, il faut informer les managers des raisons de leurs missions. De plus, il ne faut jamais oublier que pour un manager, le contact direct ne pourra jamais être remplacé par un échange de mail ou une discussion Skype. Mon premier conseil aux (futurs) managers serait : osez sortir de votre bureau pour rencontrer vos équipes. » François Pichault ajoute qu’il faut arriver à mettre fin à ce qu’il appelle les « injonctions paradoxales ». « Ce qui me frappe dans beaucoup d’entreprises, c’est le fossé qui sépare les équipes de managers des équipes dirigeantes. On demande aux managers d’opérationnaliser des décisions sans spécialement connaître leur réalité de terrain. Résultat, ils se retrouvent dans le royaume de l’injonction paradoxale. Pour résoudre ce problème, il faut se donner la peine d’investir dans la formation. »

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