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Le medtech en 5 étapes

Date de publication: 20 sept. 2013
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Aujourd'hui, la technologie est un outil capital de la science. C'est aussi vrai pour le milieu médical. De nouvelles niches d'emplois sont vouées à se développer dans le secteur. Voici les 5 étapes de la chaîne d'un secteur qui recrute.

1. Recherche

Innover pour rester dans la course. C'est le leitmotiv des fabricants de dispositifs médicaux. Ces sociétés investissent en moyenne 12 % de leur chiffre d'affaires dans l'innovation et le développement. Même les entreprises fournisseuses de cette industrie consacrent 5 % de leurs ventes au poste R&D. Plus les prévisions de croissance sont élevées, plus les frais R&D le sont aussi.  Ingénieurs civils, ingénieurs en électronique et en informatique, travaillent de pair avec les universités, les médecins, les cardiologues et les infirmières. Pour l'avenir, la branche fait face à un premier défi qui consiste à recruter des collaborateurs hautement qualifiés pour s'assurer l'accès à de nouvelles technologies et à un nouveau savoir, explique Richard Van den Broeck. Car dans ce milieu, pour devancer les concurrents, le Graal consiste à provoquer une rupture technologique majeure. Le cycle des produits est court, explique Luc Fockedey, Country Manager de St. Jude Medical. Sur la base d’une plateforme existante, on peut innover rapidement. Mais les ruptures technologiques, quant à elles, demandent au moins six ans de développement.

2. Design et développement

Pour l’heure, l'innovation technologique se focalise sur la miniaturisation et la simplification des systèmes, explique Dave Hollants, Marketing & Business Development Manager One Heart chez Medtronic. Cela va de l'utilisation des nanotechnologies, en particulier comme vecteurs de transport des molécules, à la création de pacemakers sans piles et au développement de la télécardiologie. Autant de développements qui mobilisent des bataillons d’ingénieurs en biomécanique, mais aussi l'approche constante des médecins. Tandis que les Clinical Reasearch Officers et les Clinical Research Associates dirigent les études cliniques, un comité d’éthique épluche le protocole. La technologie de stimulation cardiaque est connue depuis les années 50. Mais la nouveauté, ce sont les algorithmes qui stimulent intelligemment le rythme cardiaque du patient, souligne Luc Fockedey. Le rôle des informaticiens devient donc de plus en plus déterminant dans la phase de développement.

Côté design, les bio-ingénieurs et les médecins restent les plus sollicités. Leur objectif : rendre les pacemakers les moins invasifs possible. Actuellement, les valves se fixent sans points de suture, le hardware est réduit à l’échelle nano et les boîtiers ont tendance à se miniaturiser, confie Davy Hollants. À tel point que d’ici deux ans, ils seront aussi petits qu’une pièce d’un centime et directement implantés dans le cœur.

3. Production

Les unités de production font appel à une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée. Pas seulement des technico-ingénieurs, mais aussi des « cols gris », ces « ouvriers de la connaissance » spécialisés en automation et en microtechnologie. Les processus de production sont digitalisés, la production à la chaîne a donné place à la production modulaire en petites équipes, mais l’essentiel d’un pacemaker est réalisé à la main, précise Luc Fockedey. C’est pourquoi le processus de fabrication peut durer de trois à six semaines. À chaque étape, des tests intensifs sont réalisés. Et à chaque moment, les organismes de certification peuvent procéder à une inspection. Un autre jour, ce sera la FDA (Food and Drug Administration) américaine. Le suivant, l’autorité de régulation brésilienne, et ainsi de suite.C’est un travail minutieux, qui demande une précision constante. C’est pourquoi beaucoup de femmes travaillent chez nous. Elles se laissent distraire moins facilement, confie Luc Fockedey.

4. Commercialisation

En première ligne face aux professionnels de la santé, les commerciaux ne « vendent » plus. Aujourd’hui, les firmes medtechs reconvertissent leurs forces commerciales en conseillers formés pour s’adresser directement aux cliniciens. Souvent, ils les accompagnent dans le bloc opératoire, les guident dans leurs gestes et les avisent pendant la pose de l’implant. Sans jamais toucher le patient. Dans le passé, nous engagions surtout des profils paramédicaux, des kinésistes et des ingénieurs avec une expérience de vente. Mais le métier s’est spécialisé : il évolue vers le conseil, confie Luc Fockedey. Aujourd’hui, les customer services recherchent surtout des profils qui combinent des compétences techniques, cliniques et anatomiques. Dans ce contexte, les ingénieurs avec une expérience médicale sont un must. Mais vu leur rareté, les sociétés préfèrent former leur personnel en interne. Trainings, e-learning et certifications sont permanents pour les vendeurs et l’assistance technique, souligne Luc Fockeday.

Pour la mise sur le marché, par contre, l’industrie s’adresse à des technico-commerciaux, qui maîtrisent aussi bien les aspects légaux que financiers. Ils n’évaluent pas seulement les coûts-bénéfices, mais leurs compétences portent aussi sur le remboursement, le financement et la question de l'évaluation des systèmes de soins de santé.

5. Suivi

Quel est le rythme naturel du patient ? Comment réajuster l’appareil ? Désormais, les données relatives à l'état cardiaque du patient et au fonctionnement de l'appareil implanté peuvent être transmises directement au médecin qui les reçoit par mail, SMS ou via une app, après traitement par un serveur central. Mais alors que l’implant devient un « objet connecté », la collecte de ces données se double d’aspects médico-légaux. En effet, à mesure que les implants communiquent des datas avec d'autres appareils médicaux, des virus informatiques peuvent tout aussi bien infecter un stimulateur cardiaque (pacemaker) qu’un appareil d’imagerie par résonance magnétique (scanneur). Ici, de nouvelles niches d'emplois sont vouées à se développer. Toutes liées à la sécurité informatique. La très sérieuse Food and Drug Administration, garante de la sécurité sanitaire aux États-Unis, a d’ailleurs rappelé les fabricants à la vigilance. Dans le processus de maintenance, nous faisons intervenir des ingénieurs médicaux, mais aussi de plus en plus d’experts IT, explique Davy Hollants. À l’avenir, même un pacemaker pourra être traité, par simple injection d’un… software.