Le numérique trop peu féminin
Les femmes seront-elles les grandes oubliées de la révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) ? Entre inquiétudes et espoirs, les défis de cette « nouvelle économie » mettent en avant un constat : pour que la numérisation crée de l’emploi chez nous, il faut que la force de travail soit adaptée à ces défis. Or, en Belgique, le monde de l’innovation se lit encore trop souvent au masculin.
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Un exemple parmi d’autres ? Seulement 13,7 % des start-up créées le sont par des femmes. Tout un contraste lorsque l’on sait que les utilisateurs des réseaux sociaux sont majoritairement des femmes : « Elles sont des utilisatrices confirmées dans la plupart des activités où elles sont présentes. Le véritable problème semble se situer au niveau des métiers des TIC proprement dits , précise Loubna Azghoud, gestionnaire du projet Entrepreneuriat Féminin pour impulse.brussels. En effet, partout en Europe, la proportion de femmes occupées dans ces métiers est très faible et, par conséquent, la proportion de femmes dans les cursus scolaires formant à ces métiers. Les femmes sont donc largement absentes des lieux où se conçoivent et se maîtrisent les enjeux des TIC. »
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Car ces enjeux sont de taille. Selon l’OCDE, 700.000 emplois seront créés dans les TIC d’ici 2025. Si le nombre de femmes présentes sur la ligne de départ est limité, «il y a peu de chances qu’elles soient nombreuses une fois la ligne d’arrivée franchie» , souligne Loubna Azghoud. Au-delà de cette recherche légitime d’égalité, une étude de l’Union européenne souligne qu’accroître la présence de femmes dans le secteur de l’économie numérique en Europe permettrait d’augmenter de neuf milliards d’euros le PIB annuel. Quelles sont les raisons de cette différence de genre dans le secteur ? L’étude européenne met en avant les traditions culturelles, les stéréotypes sur le rôle des femmes ainsi que les barrières internes. Mais les initiatives existent pour changer la donne. Exemple ? Le plan « NextTech Brussels ». En 2017 et en 2018, un budget sera mobilisé à Bruxelles pour promouvoir les femmes dans les TIC avec la création de Women in Tech qui sera une plateforme de sensibilisation, d’accompagnement et des formations spécifiques.
Des quotas imposés
Car si cette thématique revient au-devant de l’actualité, c’est parce que la France est en train de vivre un bouleversement au niveau de sa culture d’entreprise. Depuis début janvier, les grandes entreprises françaises qui comptent plus de 500 salariés et dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros doivent compter au moins 40 % de femmes au sein de leur conseil d’administration, sanctions à la clé. Ce pas, la Belgique l’a déjà franchi via une loi fédérale votée en 2011. Elle fixe le quota à 30 % à partir de cette année, alors que l’Union européenne l’a fixé à 40 % d’ici 2020. Le taux en Belgique est situé à 22 % aujourd’hui.
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Mais ces réglementations sont-elles réellement efficaces ? Plusieurs études lient une plus grande présence féminine dans les CA à des performances accrues. Suite à l’entrée en vigueur de la loi française, Kristel Cools, Group Head of Asset Management au sein de KBL European Private Bankers, s’est posé la question. « Il n’est pas certain que ces systèmes de quotas aient un réel effet d’entraînement » , souligne-t-elle. Une étude menée en 2016 par l’Institut Peterson auprès de quelque 22.000 entreprises dans 91 pays a d’ailleurs révélé que « l’impact de la présence des femmes au conseil d’administration n’était pas statistiquement solide ».
Parallèlement, il existe un échelon dans l’entreprise où la mixité semble porter ses fruits : celui de l’encadrement supérieur, où moins de 25 % des postes à l’échelle mondiale sont occupés par des femmes.
« Le fait d’afficher une plus forte proportion de femmes au sein de la direction d’une entreprise est fortement corrélé à l’amélioration de ses performances » , selon l’Institut Peterson. « Une équipe de direction plus diversifiée tend à obtenir de meilleurs résultats en moyenne » , souligne la manager. Elle conclut : « Autrement dit, le fait qu’un grand nombre de femmes occupent des postes à haute responsabilité qui les engagent activement dans la gestion quotidienne de l’entreprise est plus important pour la rentabilité de l’entreprise que la mixité au sein du conseil d’administration ou du comité de direction. »
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