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Le télétravail nuit à la motivation de certains employés

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 26 oct. 2020

En télétravail, certains collaborateurs perdraient leur adhésion à l’entreprise qui les emploie. Plusieurs astuces contribueraient à empêcher cette faillite de la motivation.

Le télétravail nuit à la motivation

Alors que le gouvernement appelle à ce que le télétravail redevienne la norme au sein des entreprises, un constat inquiète un certain nombre d’entre elles: les démissions volontaires sont en augmentation. La faute à qui? Ou plutôt, à quoi? Au télétravail, à en croire Frank Vander Sijpe, directeur de Securex HR Research: «Cette situation de télétravail généralisée depuis plusieurs mois augmente la distance entre le travailleur et ses tâches, ses collègues, et aussi son superviseur direct, au sens propre comme au sens figuré. Résultat: un sentiment de solitude et d’isolement s’installe. Les travailleurs entament alors toute une série de réflexions: qu’est-ce que je représente pour cette organisation? Qu’est-ce que cette organisation représente encore pour moi? Me reconnaît-on encore comme une personne? Est-ce que j’occupe encore une fonction importante? L’ensemble de ces facteurs mène en quelque sorte à une faillite de la motivation de certains employés».

Pour mieux comprendre, il faut s’intéresser à la théorie de l’autodétermination qui souligne l’importance de la qualité de la motivation d’un travailleur plutôt que sa quantité. Cette même théorie subdivise la qualité de motivation en deux profils distincts. «Il y a d’abord ceux qui travaillent parce qu’ils doivent le faire, parce qu’ils ont une pression extérieure sur leurs épaules. Et puis il y a les travailleurs qui aiment leur travail, qui le voient comme un outil de développement et de satisfaction. Cette deuxième catégorie fait souvent preuve de motivation autonome, même en télétravail. Depuis 2015, on constate une chute de cette motivation», explique Frank Vander Sijpe.

Moins d’adhésion à l’organisation

La situation sanitaire n’arrangerait pas les choses puisqu’elle semble diminuer l’adhésion de certains travailleurs à leur entreprise. Ils sont aujourd’hui plus attachés à leur fonction qu’à l’organisation qui les emploie. «C’est souvent le cas des profils experts au niveau d’éducation élevé comme les juristes ou les programmeurs IT par exemple. Ils veulent conserver leur travail pour son contenu et pas pour leur employeur. Ils n’hésitent donc parfois pas à aller voir ailleurs s’ils sentent une rupture du lien avec ce dernier», constate le directeur de Securex HR Research.

Les différents leviers d’activation de la motivation permettent de mieux aborder cette situation. «Ils sont au nombre de trois et se résument par les lettres ABC (Autonomy, Belongingness, Competence), autrement dit autonomie, appartenance et compétences. Avant la crise sanitaire, on accordait généralement le télétravail, et donc de l’autonomie, à des collaborateurs qu’on savait compétents pour le travail à distance et dont on connaissait surtout l’adhésion à l’organisation. Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Tout le monde doit passer en télétravail. On octroie de l’autonomie aux travailleurs sans forcément savoir s’ils ont les compétences pour travailler à distance et surtout s’ils ont ce sentiment d’appartenance à l’entreprise», précise Frank Vander Sijpe. Le fait de garder le contact avec les travailleurs durant cette crise sanitaire est donc primordial pour les leaders de ces organisations. Car si la distance s’installe, ils prennent le risque de voir partir des éléments clés de leur personnel, souvent conscients de leur valeur sur le marché du travail.

Multiplier les contacts informels

Plusieurs astuces contribueraient toutefois à maintenir la motivation de vos collaborateurs. «Essayez d’abord d’accorder régulièrement du temps à titre personnel à chacun. Pendant ces moments, prêtez une attention particulière aux aspects humains et moins aux éléments orientés vers la tâche. Parallèlement à cela, réinstaurez un contact physique en face-à-face avec votre employé dans un environnement sûr bien évidemment. Si cela n’est pas possible, demandez au moins à utiliser votre webcam pendant la conversation virtuelle, car la communication non verbale enrichit le contenu de votre conversation des deux côtés de l’écran», conseille Frank Vander Sijpe. Mieux vaudrait également travailler avec vos employés dans un esprit d’autonomie et de confiance. Inutile de vous laisser aller à la micro-gestion en zoomant sur les détails. L’utilisation de toutes sortes de «systèmes de contrôle technique», à l’image des boutons «en ligne» ou des systèmes d’enregistrement du temps passé sur PC, ne contribuerait pas vraiment à créer le climat souhaité. Aux contrôles, préférez convenir avec vos employés d’objectifs à court terme axés sur les résultats et liés à des rendus concrets, mesurables et spécifiques.

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