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Le télétravail : un excellent remède à l’absentéisme

Rédigé par: Benoît July
Date de publication: 6 déc. 2021
Catégorie:

Securex

Le travail hybride s’est imposé dans la vie de nombre d’entre nous. Même si l’on en perçoit désormais aussi les limites, il nous a manifestement facilité l’existence. En témoigne la baisse spectaculaire des absences de courte durée au boulot. 

Une chute de 28 % de l’absentéisme de courte durée. Tel est l’effet, spectaculaire, du télétravail tel qu’il a été constaté par le prestataire de services RH Securex par le biais d’une étude portant sur 15.839 employés entre début 2019 et mi-2021, qui ont bénéficié du télétravail en raison de la pandémie. 

« Le travail hybride a réduit l’absentéisme de courte durée de plus de 25 % en dessous du niveau pré-corona. Les employés qui ne recouraient pas au télétravail ont vu, quant à eux, leur taux d’absentéisme de courte durée augmenter de plus de 6 % », résume-t-on chez Securex

Plus précisément : les employés qui ont télétravaillé tous les trimestres durant la crise du coronavirus (64 % de leur temps de travail en moyenne) ont vu leur taux d’absentéisme pour cause de maladie de courte durée – c’est-à-dire moins d’un mois – diminuer de 28 % par rapport à l’année « normale » 2019. Ceux qui pratiquaient le télétravail de façon moins systématique (en moyenne 16 % de leur temps de travail) ont vu leur absentéisme de courte durée diminuer de 10 %. 

« Nous soupçonnons, depuis un certain temps déjà, l’existence d’un lien entre le télétravail et la diminution du taux d’absentéisme de courte durée », explique Elisabeth Etter, consultante chez Securex. « Pour la première fois, nos chiffres le montrent. Il est assez étonnant de constater que le télétravail, même sporadique, fait des merveilles sur l’absentéisme de courte durée : même les personnes qui télétravaillent en moyenne moins d’un jour par semaine connaissent une diminution de 10 % du taux d’absentéisme de courte durée. » 

Meilleure « worklife balance » 

Comment expliquer pareille chute ? Certaines raisons coulent de source. Comme celle se fondant sur le constat que rester chez soi réduit à néant le risque de contracter une infection… au boulot, de type rhume, grippe intestinale ou autres. Le télétravail permet, par ailleurs, de continuer à effectuer son job en cas de refroidissement ou de jambe cassée – même si pareille attitude du travailleur, au travail malgré une santé défaillante, peut clairement se révéler contre-productive, voire dangereuse à long terme. 

D’autres raisons sont plus délicates à objectiver, mais on pressent que la meilleure articulation entre vie professionnelle et vie privée que permet le télétravail joue aussi un rôle positif sur la santé des employés et diminue donc l’absentéisme de courte durée. « Pour autant que cela se produise dans le cadre d’un dialogue ouvert avec l’employeur », poursuit Elisabeth Etter, « le fait de travailler chez soi permet effectivement plus facilement de libérer une heure pour conduire un enfant chez le médecin ou simplement d’éviter le stress d’arriver en retard à un rendez-vous de fin de journée, à cause des embouteillages. » 

Profit à court terme, risque à long terme ? 

Tout profit aussi pour les employeurs ? A première vue, c’est le cas. « Les employeurs ont récemment pu réaliser d’importantes économies d’énergie et d’espace de bureau grâce au télétravail », poursuit le prestataire RH. « Celui-ci permet également de réaliser des économies supplémentaires en raison de cette réduction de l’absentéisme de courte durée : les employeurs qui ont régulièrement organisé le télétravail pendant la crise liée au coronavirus ont économisé en moyenne 1.500 euros par travailleur par rapport aux employeurs qui n’ont pas organisé de télétravail. » 

A plus long terme, cependant, les inquiétudes relatives au télétravail demeurent. Les mesures d’extension de ce dernier, récemment imposées par les autorités fédérales afin de contrer la nouvelle vague du coronavirus, ont irrité les employeurs, qui voient aussi, désormais, le travail à distance comme un facteur perturbant la vie de leur organisation, dès lors qu’il y prend trop d’ampleur. La FEB, pour ne citer qu’elle, estimait par la bouche de son administrateur délégué, Pieter Timmermans, que le « télétravail obligatoire affectera lourdement la bonne volonté et l’engagement des travailleurs et des employeurs qui s’efforcent de trouver un équilibre sain entre travail en présentiel et à distance ». 

Des craintes émergent, en effet, quant aux effets néfastes à long terme du télétravail, qui tend à priver des bienfaits des interactions en présentiel (créativité, esprit d’équipe, cohésion sociale, etc.) les entreprises, mais aussi les travailleurs. Des voix s’inquiètent aussi des effets du télétravail sur la santé mentale des travailleurs, dont certains seraient davantage sujets au burn-out, voire tout simplement victimes de l’impossibilité de se déconnecter, à domicile, d’un travail qui n’aurait quasiment plus de limites. 

« En l’état, nous n’avons pas encore pu objectiver un lien entre télétravail et hausse des absences de longue durée », relativise cependant Elisabeth Etter. « Mais il est clair qu’on ne peut pas se contenter d’observer une baisse de l’absentéisme de courte durée. Il faut absolument poursuivre le dialogue afin de conserver les effets bénéfiques du travail hybride (mélange de travail en présentiel et de télétravail – NDLR) tout en en limitant les effets pervers. Tout cela s’est imposé de manière tellement rapide et massive dans nos vies que nous manquons encore de recul pour en mesurer et en objectiver la totalité des effets. »