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Les Belges rejettent les open space

Rédigé par: RENAUD DE HARLEZ
Date de publication: 5 févr. 2017

Comment les open space sont-ils perçus ? Comme des espaces de travail renforçant l’esprit d’équipe et la créativité ? Ou comme des sources de nuisance dans la réalisation de son travail ? La seconde option semble prendre le dessus en Belgique, si on se fie à une étude réalisée par la firme Regus, qui souligne les avis négatifs de nombreux travailleurs belges face aux open space. 87 % les trouvent assourdissants et 79 % les accusent de troubles de concentration.

Derrière ces chiffres se cache une réalité, celle de la remise en cause d’une organisation du travail adoptée par une majorité d’entreprises. En 2015, une étude réalisée par Sdwork et coordonnée par la Louvain School of Management mettait en avant que 57,8 % des entreprises belges disposaient d’un open space. A l’étranger, ce ratio semble identique, voire renforcé dans les pays anglo-saxons : 70% des Américains travaillent en open space.

> Voir aussi : Mes collègues me dérangent constamment. Comment me concentrer ? 

Perte de repères

Différentes études soulignent que les employés travaillant en open space sont 15 % moins productifs que ceux installés dans des bureaux privatifs. Le bruit, les interactions, etc., nuisent à la concentration. Un employé distrait met en moyenne vingt minutes pour retrouver un état de pleine concentration.

Des informations rapportées par CNN établissent que les open offices nuisent également à la mémoire des employés. Et spécialement dans le cadre de systèmes d’ hot desking dans lesquels les travailleurs n’ont plus de bureau attitré. En effet, évoluer dans un espace familier permet d’améliorer la mémoire.

Stressés, peu motivés…

En 2000 déjà, une étude de l’université de Cornell à New York montrait que les travailleurs étaient plus stressés, moins motivés et moins créatifs dans un open space. Depuis, ces données semblent se confirmer au fil des recherches. Le Journal of Environmental Psychology notait, suite à une large enquête auprès de travailleurs, que « l’argument en faveur de l’open space selon lequel il favorise l’enthousiasme et la productivité semble n’avoir aucune base académique ».

Mais les avis ne sont pas tranchés pour autant. Une étude de Deloitte, menée fin 2013 auprès de 43.000 employés européens, montrait que 47 % des employés estiment que cet environnement leur permet d’être « productifs » ou « créatifs » . Alors même qu’une grande majorité des sondés se plaignaient du manque d’intimité.

Mais les open space ne nuiraient pas qu’à l’efficacité des travailleurs. Leur capacité à collaborer entre eux serait une autre victime de ces lieux de travail. Tout un paradoxe vu que c’est pour cette raison qu’ils ont, à l’origine, vu le jour. Ce constat est soulevé par le cabinet d’architecte américain Gensler. Un sondage qu’ils ont mené montre que lorsque la concentration des travailleurs baisse, ces derniers peinent à travailler en équipe et à se socialiser dans le cadre d’une relation de travail…

> Voir aussi : 5 conseils pour améliorer le travail en open space

Ce « faux » truc de jeunes

Mais ce mal-être n’est-il pas qu’une question d’âge ? A-t-on vérifié que la génération Y, qui a toujours travaillé en open space, présente les mêmes syndromes ?

La réponse n’est pas claire. Une étude présentée fin janvier et réalisée par Opinion Way pour CD&B, société spécialisée dans l’organisation du travail, soulignait que les moins de 35 ans éprouvaient nettement moins de réticences à l’égard des nouveaux modes de travail – coworking, open space… – que les travailleurs de 50 ans. Mais faire travailler les jeunes dans ce type d’environnement est un choix à double tranchant, comme le soulignait la chercheuse Maria Konnikova dans le New Yorker : « Ils sont plus ouverts à la distraction comme norme sur le lieu de travail. Ils ne sont pas à l’abri de la baisse de la performance causée par la surcharge d’informations qui caractérise un environnement ouvert. »

Face à ce constat, certaines sociétés décident de faire machine arrière. Comme l’entreprise américaine Wilbit qui a récemment témoigné de son retour en bureaux fermés et des bienfaits de ce changement sur l’efficacité de ses employés.

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