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Les canaux traditionnels pour chercher un boulot résistent face au numérique

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 11 oct. 2019
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Actiris

Pour trouver du travail, les Belges misent sur les services publics pour l’emploi et les agences d’intérim avant de consulter les sites d’offres d’emploi. C’est ce qui ressort d’une étude menée par la société d’intérim Randstad.

«Les jeunes s’y prennent encore comme il y a 50 ans pour chercher et trouver un emploi», déclarait l’an dernier Fons Leroy, ancien administrateur délégué du VDAB, le service public pour l’emploi en Flandre, dans son ouvrage intitulé No jobs. Cette considération a été le point de départ de l’étude «chercher et trouver un emploi sur le marché du travail» menée par Randstad Research auprès de 41.000 répondants répartis dans 32 pays. Alors le jeune Belge trouve-t-il aujourd’hui du travail par les mêmes biais que ses parents? En partie seulement, à en croire l’étude de Randstad. «Les canaux établis représentent encore et toujours la voie royale pour trouver un emploi dans notre pays, et cela plus que partout dans le monde. La palme est octroyée aux services publics pour l’emploi (le VDAB, Actiris et le Forem) qui affichent un score de 28%. Les agences d’intérim et les relations ou références personnelles partagent la deuxième place avec une part de 26%», observe Sébastien Cosentino, Manager Public Affairs Wallonie pour Randstad group.

Le Belge face au reste du monde

Des chiffres qui démontrent que le Belge s’y prend différemment que le reste du monde pour trouver du travail. Avec 28%, les services belges d’aide à l’emploi font, en effet, plus de deux fois mieux que leurs confrères étrangers (12%). Les agences d’intérim en Belgique, avec 26%, affichent un score supérieur de près de 10% à celui de leurs homologues étrangères (17%). «On remarque en revanche que les sites d’offres d’emploi séduisent moins les Belges que les demandeurs d’emploi à l’étranger», souligne Sébastien Cosentino. Alors qu’ils atteignent un score de 38% ailleurs dans le monde, les sites d’offres d’emploi n’avoisinent que les 15% d’intention d’utilisation chez nous.

Alors pourquoi un tel succès pour les canaux traditionnels, et surtout cette désaffection pour les sites d’offres d’emploi? «C’est difficile d’identifier des facteurs biens ciblés pour expliquer cette situation, mais, d’un point de vue historique, on sait que nos services publics pour l’emploi sont montés plus rapidement dans le train du numérique qu’ailleurs dans le monde. D’autre part, on observe chez nous un écosystème de collaboration très fort entre les services publics et les acteurs privés que sont notamment les agences d’intérim et les bureaux de recrutement. Ainsi, le VDAB, le Forem et Actiris transmettent leurs offres d’emploi aux agences d’intérim, et inversement», estime Sébastien Cosentino.

Si les services publics demeurent les principales voies d’accès à un contrat de travail dans notre pays, il n’est pas question pour autant de négliger l’essor important que connaît le numérique. «L’importance du numérique est aujourd’hui indéniable. Il joue un rôle plus important que jamais dans l’adéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail. C’est d’ailleurs en cela que nous estimons que les jeunes ne trouvent plus un emploi exactement via les mêmes canaux que leurs parents», précise Sébastien Cosentino. Google occupe la tête du peloton numérique avec 17%, il est talonné par les sites d’offres d’emploi et leurs 15%. Suivent ensuite Facebook (13%), les sites Internet des entreprises (12%), LinkedIn (9%) et Twitter (7%).

«Ce qui est intéressant d’analyser dans notre pays, c’est que l’émergence de ces canaux numériques ne s’est pas faite au détriment des services publics et des acteurs privés. Leur essor n’infléchit pas la position des canaux traditionnels, il y a plutôt un effet cumulatif. Auparavant, un candidat donnait sa confiance à un acteur public et mettait finalement en quelque sorte tous ses œufs dans le même panier. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a vraiment une prise en main beaucoup plus importante de la part du candidat, qui s’oriente toujours vers les acteurs publics et privés, mais en mobilisant aussi tous les canaux mis à sa disposition», pointe Sébastien Cosentino.

Combiner les canaux

Dans le cadre de cette étude, Randstad s’est également intéressée aux combinaisons le plus souvent plébiscitées par les demandeurs d’emploi. Ainsi, si les services publics pour l’emploi ainsi que les agences d’intérim et les relations personnelles constituent les canaux les moins combinés à d’autres, Twitter et les annonces papiers sont, eux, les plus conjugués à d’autres moyens. «C’est assez logique puisque aujourd’hui, on ne peut pas dire que Twitter soit un canal exclusif pour la recherche d’un emploi», commente le Manager Public Affairs de Randstad. Autre exemple: parmi ceux qui affirment avoir trouvé du travail via Google, 30% indiquent également que le réseau social Facebook a joué un rôle prépondérant dans l’obtention de leur contrat.