Les ingénieurs, des pépites trop rares sur le marché de l’emploi

La pénurie d’ingénieurs ne s’efface pas avec le temps. Face au large choix qui leur est proposé, les candidats ont le loisir de placer les curseurs où ils le désirent : possibilité d’évolution en interne, salaires, avantages extralégaux…

Les ingénieurs restent des profils très rares sur le marché de l’emploi. Ce qui mène à plusieurs constats : il est aujourd’hui nécessaire d’agir pour multiplier le nombre d’étudiants qui entrent et achèvent ces études, de comprendre pourquoi ces études menant pourtant à des emplois bien payés et intéressants restent peu appréciées et, enfin, cette situation amène à des réajustements au niveau de la politique de recrutement menée au sein des entreprises qui font toujours plus d’efforts pour s’adapter aux aspirations de ces candidats.

Tout d’abord, les choses semblent évoluer très doucement au niveau des étudiants désirant entamer des études d’ingénieur, comme l’explique Pierre Dehombreux, doyen de la Faculté polytechnique de Mons. Il prend l’implantation montoise en exemple : « Nous avons pu enregistrer une légère hausse sur l’ensemble de nos écoles polytechniques, mais cette croissance reste infé- rieure à la croissance de l’effectif du supérieur universitaire. Les études d’ingé- nieur, civil ou industriel, sont toujours touchées par un manque de visibilité. »

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Mais comment se fait-il qu’au fil des années, ce constat persiste ? Les campagnes se multiplient pourtant afin d’alerter les jeunes des nombreuses opportunités que représentent ces filières. Les études montrent chacune à leur tour les nombreux avantages qu’impliquent ces métiers pour quiconque les choisit. Et pourtant… « Le retard ne se résorbe pas et certains chiffres donnent à réfléchir, comme celui de la France où l’on compte un ratio d’un pour deux au niveau des étudiants ingénieurs formés par rapport à la Belgique. On remarque qu’en France, la promotion de ce métier porte ses fruits. Les campagnes de promotion sont plus positives car au niveau des technologies, le pays compte des entreprises qui marquent le public par leurs grands projets. En Belgique, nous avons des difficultés pour mener quelque chose d’analogue. Pourtant, des initiatives sont prises au niveau industriel, par Agoria, notamment, qui a entamé des campagnes. Même s’il semble qu’elles n’aient pas encore touché le grand public. L’image de l’industrie en Belgique reste plutôt négative, notamment parce que l’on parle souvent d’elle lorsqu’elle est touchée par des restructurations », analyse le doyen. Les étudiants qui ont malgré tout choisi de suivre ce parcours professionnel sont sans doute les grands gagnants face à cette situation. Au moment de faire le tour des offres d’emploi, ils peuvent réellement choisir des propositions qui leur conviennent, jusque dans le moindre détail. Une analyse qui est accompagnée au niveau de l’université, « je pense que les étudiants choisissent aujourd’hui un emploi en fonction de ce qui leur plaît réellement. A la faculté de Mons, nous les aidons à affiner leurs choix. Notre optique est de leur permettre d’apprendre à créer mais également de se créer. »

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Sur le marché de l’emploi, les profils d’ingénieurs restent, effectivement, difficile à engager, tout comme l’ensemble des profils techniques d’ailleurs. Johan Claes, Employer Branding & Sourcing Manager à la Stib, témoigne : « Oui, cela reste difficile d’engager des profils d’ingénieurs. Je crois que, de façon générale, les gens ne réalisent pas tout ce que l’on peut faire en faisant des études d’ingé- nieur, mais également en suivant un bachelier technique. » Il revient ensuite sur les offres d’emploi ouvertes à la Stib : « C’est difficile pour nous comme pour d’autres en ce qui concerne tous les mé- tiers en pénurie. Et chez nous, cela repré- sente 80 % des fonctions que l’on recherche. Il s’agit de professions techniques dans des domaines bien spécifiques que sont l’électricité, l’électronique, la mécanique, l’électromécanique ou l’IT et Telecom. Nous recherchons également des ingénieurs ayant de l’expertise en construction. »

Mais quels sont les meilleurs moyens d’attirer ces profils ? « Pour recruter ces profils, nous utilisons tout ce qui fonctionne : sites dédiés à l’emploi, LinkedIn, salons spécialisés… Mais ce que l’on remarque, c’est que notre approche doit être plus pro-active qu’auparavant parce que nous ne pouvons plus nous permettre de juste attendre que les candidats nous contactent. En moyenne, nous comptons entre 70 et 100 postes vacants. Et 80 à 85 % des profils recherchés sont des profils techniques. Enfin, j’aimerais donner ce conseil aux candidats : il faut passer outre à la perception que peut renvoyer une entreprise. L’image que l’on se fait d’une société à travers ses produits ou ses services ne correspond que rarement à la réalité de l’emploi dans l’entreprise. Il existe de nombreuses sociétés qui ont de bons produits d’appel mais qui ne sont pas spécialement de bons employeurs, et vice-versa », explique Johan Claes.

Afin de saisir l’ampleur de ce phénomène, Agoria a décidé de recenser le nombre d’étudiants s’étant inscrits dans une filière technique et technologique lors de cette rentrée académique. Alors que leurs recherches s’achèvent, la fédération arrive à un total de 6.000 étudiants. Ce chiffre leur sera particulièrement utile dans les années à venir afin d’évaluer l’évolution du nombre d’étudiants se tournant vers une filière technique. 

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