Les jeunes ont l’embarras du choix
Dans un marché de l'emploi qui leur offre la chance de pouvoir sélectionner leur employeur, les jeunes sont moins susceptibles de se ruer sur la première opportunité venue. À charge pour les employeurs de s'adapter, notamment au moment des procédures de recrutement.
Les pénuries de main-d'œuvre abondent dans de nombreux secteurs. Ce phénomène touche tous les niveaux de responsabilité, y compris les plus modestes, comme le personnel d'entretien et les fonctions non qualifiées dans l'industrie.
Selon Stéphanie Leclère, Managing Director chez Leclère & Consultants, un cabinet spécialisé dans la recherche directe de personnel dans des fonctions d’experts, de middle et de senior management, « les personnes peu ou pas diplômées ont peut-être moins de choix que les autres. Toutefois, au cours des 18 derniers mois, on constate une harmonisation entre les différents niveaux de postes. Ces personnes ont également désormais, elles aussi, l’opportunité de réfléchir à deux fois pour sélectionner l'employeur qui leur offrira la meilleure combinaison entre le salaire, les horaires, les déplacements, etc. »
Une génération moins corvéable à souhait
Les jeunes ont conscience de cette tendance favorable et l’utilisent pour évaluer plus en détail la fonction et l’employeur potentiel dès la procédure de recrutement. « La plupart des entreprises, grandes ou petites, sont bien au fait de cette tendance », constate notre interlocutrice « Elles savent que les jeunes sont attentifs au fait que les valeurs que l'entreprise prétend véhiculer coïncident avec la façon dont la procédure d’embauche est menée. »
En clair, les jeunes vérifient si ces valeurs sont respectées et si leurs demandes sont prises en compte. « Lors du recrutement, ils veulent aussi qu'on leur démontre que les différentes étapes sont bien pertinentes, surtout si on les fait se déplacer. Cette génération est moins ‘corvéable à souhait’ que les précédentes. Elle négocie bien en amont tous les éléments qu'elle juge indispensables à son bien-être. Même si le salaire reste souvent déterminant, elle demande d’emblée quelles sont les possibilités de travail à distance, par exemple. »
Les autres éléments d’attention des jeunes sont entre autres la localisation des bureaux - qui doit rester gérable en termes de déplacements -, les opportunités de formation, les questions de responsabilités et les possibilités d'évolution de carrière.
Contrat signé ? Pas une garantie...
Cette génération accorde aussi plus d'importance aux valeurs défendues par l'entreprise, notamment en termes de durabilité. Il faut aussi que leur job ait du sens à leurs yeux. Ceci incite par exemple les jeunes à défavoriser les entreprises qui ne travaillent que dans une optique de rémunération des actionnaires et à se tourner vers le secteur non marchand. Toutefois, il ne faut pas idéaliser à l'excès : « La vie coûte très cher. Dès lors, tout le monde ne fait pas non plus le choix d’orienter sa carrière vers cette quête de sens. »
Stéphanie Leclère insiste encore sur un dernier élément : « Ce n'est pas parce que l'engagement est chose faite, que le contrat est signé et que la phase d' « onboarding » a eu lieu, que l'employeur peut soupirer de soulagement. Vu qu’elles désirent un travail dans lequel elles se sentent bien, les jeunes générations ont tendance à quitter plus vite une entreprise que les autres générations. » Il n’est plus rare qu’une personne engagée démissionne après seulement 3 à 6 mois.
« Cependant, les nouvelles générations ne sont plus autant à la recherche d’une progression verticale dans l’entreprise qu’ont pu l’être leurs parents. Elles préfèrent évoluer horizontalement, en acquérant de nouvelles compétences, de nouveaux savoirs, de nouvelles expériences. Le ‘job hopping’ est donc moins présent ces dernières années. »