Les jeunes sont mal préparés au marché de l'emploi

Olivier Dufour est Executive Director chez Page Personnel Bruxelles.  Ce spécialiste du recrutement revient sur plusieurs points au sujet desquels les « young starters » doivent se préparer avant   de chercher leur premier emploi.

«Young starter ». C’est par ce terme que sont qualifiés les jeunes diplômés entrant sur le marché de l’emploi. Une période synonyme d’opportunités mais aussi de préparation.

Au-delà de son diplôme, quelle est, selon vous, la compétence la plus importante que doit acquérir un « young starter » ?

Il y a une compétence majeure qui est liée à la Belgique et à Bruxelles en particulier qui est la connaissance des langues. Certes, on en parle et on en reparle, mais un profil bilingue sur Bruxelles trouve un emploi. Je dirais qu’il est préférable aujourd’hui d’avoir un bachelier et parler néerlandais que d’avoir un master et ne pas le parler. Il s’agit d’un très grand facteur de différenciation.

N’est-ce pas une compétence qu’il est possible d’acquérir au cours de son parcours professionnel ?

Oui. Mais entendre ce discours chez un jeune qui cherche de l’emploi me questionne. Cette personne a souvent eu l’occasion d’apprendre le néerlandais durant sa scolarité et pourtant, il ne l’a pas fait. Je doute qu’une fois confronté à la réalité du monde du travail il s’y mette…

Certains exagèrent ou minimisent leurs compétences en néerlandais en envoyant leur CV ?

Oui, et cela peut poser problème. Il ne faut pas oublier qu’un CV, finalement, ce n’est qu’un flyer. A ce jour, je ne connais personne qui prétendait être bilingue et qui a été engagé pour un poste pour lequel cette compétence était nécessaire. Ces mensonges sont détectés dès le premier coup de fil. Il faut à tout prix éviter de mentir sur ses connaissances linguistiques ou autres, car cela peut laisser penser que ce petit mensonge en cache d’autres plus gros.

Au-delà des langues, quels autres conseils donneriez-vous à des young starters ?

Il faut garder en tête qu’il est nécessaire de se documenter au sujet de l’entreprise avant de prendre part à un entretien. Il est très fréquent que de jeunes diplômés arrivent à un entretien sans connaître correctement les activités de l’entreprise pour laquelle ils postulent. Avec toutes les informations que l’on peut, aujourd’hui, trouver sur internet, c’est quelque chose d’inacceptable.

Quelles autres erreurs commettent-ils ?

Je pense qu’un autre défaut des young starters est de présumer qu’une absence de réponse ou une réponse négative signifie une fin de non-recevoir permanente. Ce qui est faux. Car lorsque l’on envoie une candidature spontanée, on n’est sûr que d’une chose : elle a été envoyée. Après il est impossible de savoir qui l’a lue. La personne en charge est-elle présente à ce moment-là ? A-t-elle eu le temps d’en prendre connaissance ? Il faut oser réessayer. Beaucoup de jeunes diplômés pensent que les entreprises dans lesquelles ils postulent archivent minutieusement leurs données, ce qui est faux. Alors lorsque l’on ne reçoit pas de réponse au bout de trois semaines ou un mois, il faut oser repostuler et considérer que la candidature n’a pas été lue.

Cela demande beaucoup de travail…

Oui c’est dur. Mais chercher un emploi c’est un job en soi, et un job exigeant. Un emploi qui demande du temps et qui demande d’être organisé. Et les jeunes diplômés ne sont pas souvent préparés à cela. Ce qui est d’ailleurs normal puisqu’ils ont évolué dans une structure académique pensée par des personnes qui, pour la plupart, n’ont pas connu cette phase de recherche d’emploi.

Comment leur permettre de se différencier à la sortie des études ?

Il faut penser aux expériences qui vont donner une réelle valeur ajoutée : un stage en entreprise qui a donné une première expérience professionnelle et a fait avancer un profil en matière d’adaptabilité, une expérience chez les scouts qui a permis de mettre en place une forme de leadership…

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