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Les salaires européens font toujours rêver

Date de publication: 14 déc. 2012
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Un emploi au sein des institutions européennes, c'est souvent une consécration pour beaucoup de personnes. En tout, il y a plus de 20 000 fonctionnaires européens à Bruxelles, qui occupent des postes très divers, allant de la traduction à la sécurité nucléaire.

Travailler pour les institutions européennes séduit toujours autant. Mais avant d'avoir un poste de fonctionnaire européen, il y a de nombreuses étapes à franchir et la concurrence y est souvent féroce. On cherche les meilleurs profils possible, explique Antonio Gravili, porte-parole à la Commission européenne. Pour mon propre concours, il y avait 55 000 personnes, toutes multilingues, pour à peu près 200 postes. Face à cette abondance, les institutions ont été amenées à dépoussiérer leurs procédures de sélection. Le concours pour devenir fonctionnaire ne comporte plus d’épreuves écrites ni orales nécessitant crayon et papier. Jugée trop longue, la procédure a été remplacée par des tests sur ordinateur, voire sur internet. Des centres d’évaluation ont été introduits comme la phase ultime du concours pour des « mises en situation ».

Mais entre les différentes phases de tests, environ dix mois peuvent s’écouler. Sans garantie d’embauche formelle. Car si vous êtes retenu, vous êtes placé sur une liste d'attente avant d'être engagé comme stagiaire pour une durée de neuf mois. L'inscription sur une liste de réserve pendant deux ans ne garantit pas que vous serez recruté, même si on fait tout pour que ce soit le cas. C'est alors aux personnes sur la liste à faire un peu de lobbying pour que les chefs de département les connaissent. C'est un peu de l'instinct de survie pour être mis au courant des possibilités de recrutement dans un département. Quant aux profils recherchés, ils sont variés. On emploie en général des économistes, des juristes, mais aussi des traducteurs, des scientifiques ou encore des experts informatiques. On travaille pour 500 millions d'Européens dans tous les domaines possible, de l'agriculture à la fiscalité. 

Actuellement, la Commission est à la recherche de techniciens de conférence, de traducteurs croates et lituaniens, d'experts dans le domaine de la sécurité nucléaire. Des emplois pour lesquels les salaires s'élèvent de 3 397 € pour un traducteur ou un technicien à 10 324 € pour un expert nucléaire. Car c'est souvent là un des fantasmes auprès du grand public, celui des salaires des fonctionnaires européens. L'échelle des traitements de base s'échelonne à 2 300 € par mois pour un fonctionnaire nouvellement recruté à quelque 16 000 € par mois pour un fonctionnaire en fin de carrière au grade le plus élevé. Ces salaires ne sont pas soumis à l’impôt belge, mais nous effectuons un prélèvement social et fiscal dont le taux est fixé entre 8 % et 45 % en fonction du grade, ajoute Antonio Gravili.

À l'heure de la crise

Par contre, plusieurs mesures ont été prises pour faire des économies au sein des institutions européennes. Par exemple, certains recrutements, notamment dans le domaine du secrétariat, ont été purement et simplement annulés cette année.  Bien avant la crise, nous avons décidé de faire des économies : depuis 2004, les salaires ont diminué de 4,2 %.  Depuis 2008, aucun nouveau poste n'a été créé et on prévoit, à partir de 2013, de réduire le nombre de personnel de 5 %, souligne le porte-parole de la Commission.

Du coup, de nombreuses tâches ne sont plus effectuées par des fonctionnaires, mais par des agents contractuels dont les salaires sont moins élevés. C'est le cas de Sylvia, 27 ans, qui travaille depuis quelques mois à la DG Développement et Coopération. Comme un fonctionnaire, j'ai dû passer les épreuves de sélection pour évaluer mes compétences linguistiques et professionnelles. C'était en 2010, et je n'ai été rappelée qu'au mois de mai dernier pour un poste d'agent contractuel avec un CDD de trois ans. À côté de cela, l'UE fait aussi appel à des intérimaires, principalement pour des travaux de secrétariat. Mais pas seulement. À côté des profils administratifs, on nous demande des profils techniques, hautement qualifiés, comme des experts informatiques, souligne Renaud Dechamps chez Randstad, qui collabore depuis quelques années déjà avec les institutions européennes. La sélection est opérée par nos soins. Ce qui joue énormément, c'est la connaissance des langues, avec au minimum l'anglais, et si possible la connaissance d'une autre langue européenne. Tous les intérimaires ne viennent pas de Belgique. Beaucoup sont originaires de Bulgarie, de Roumanie ou de Croatie. Il faut alors pouvoir gérer toutes les parties administratives comme le permis de travail ou le permis de séjour. Car malgré la crise, les institutions européennes continuent d'attirer de nombreux travailleurs, même si elles doivent faire face à une concurrence exacerbée avec des sociétés juridiques ou des organismes internationaux où les salaires sont plus élevés.

2 654,17 €

C'est le salaire mensuel brut d'un fonctionnaire nouvellement engagé à l’UE. À cela s'ajoutent d’autres avantages pécuniaires non négligeables, comme une  allocation de foyer pour leur conjoint et leurs enfants, des allocations familiales complémentaires, d’une assurance maladie et retraite très avantageuse.

1 847, 76 €

C'est le salaire mensuel brut d'un agent contractuel engagé à l'UE. Pour les agents contractuels, le salaire mensuel peut monter jusqu'à 6 599, 06 € brut par mois avec des contrats à durée déterminée allant de 3 mois à 3 ans maximum.

1 273

C'est le nombre de travailleurs intérimaires engagés au sein de la Commission européenne à Bruxelles en 2012. Ceux-ci représentent à peine 3,9 % du personnel. Ils sont 5 977 à être engagés comme agents contractuels (18,1 %) et 21 109 à être engagés comme fonctionnaires (63,9 %).

5 950

C'est le nombre de fonctionnaires européens originaires de Belgique au sein de la Commission. Ils représentent 18 % du personnel. Notre pays est le premier pays en termes de représentation. Viennent ensuite l'Italie avec 3 636 fonctionnaires (11 %), puis la France avec 3 326 fonctionnaires (10,1 %).

54,6 %

C'est le pourcentage de femmes fonctionnaires présentes au sein de la Commission européenne. Elles sont 18 039 contre 14 994 fonctionnaires masculins (45,4%).