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Licencier malgré les bénéfices: gestion immorale ou management avisé ?

Date de publication: 8 févr. 2010
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Le service d'études de la FGTB a fourni à  Vacature une liste des restructurations annoncées entre janvier 2008 et fin janvier de cette année. La rédaction du magazine et Graydon, le bureau d'informations commerciales, ont épluché cette liste pour relever les données financières les plus récentes sur 210 entreprises ayant annoncé une restructuration.

 

Bilan sain à  première vue, précaire à  terme

 

Nous avons pu constater, sur base de leur dernier bilan publié, qu'un peu plus de la moitié des 210 entreprises de notre liste (118 pour être précis) étaient bénéficiaires avant (ou au moment de) leur annonce de restructuration. Les statistiques confirment la conviction que la plupart des entreprises qui souhaitent dégraisser présente un bilan sain à  priori.

Première conclusion ? Eric Van den Broele, de Graydon : "Si l'on regarde le montant des bénéfices, on pense immédiatement à  une attitude immorale : ces entreprises ont annoncé une restructuration à  la va-vite, alors que les chiffres semblaient tout sauf alarmants."

Mais en y regardant de plus près, il apparaît qu'à  court terme pas moins de 184 de ces entreprises présentent un bilan précaire, et même 201 d'entre elles à  long terme. Eric Van den Broele: "C'est rassurant dans un certain sens. Cela signifie en effet que la grande majorité a des motifs de restructuration valables."

 

Les entreprises basées en Belgique mieux loties

 

Il convient de faire une distinction entre les entreprises ayant leur siège en Belgique et celles basées à  l'étranger. "Entre 2004 et 2007, et en particulier depuis l'introduction de la déduction de l'intérêt notionnel en 2006, les actionnaires ont placé beaucoup d'argent dans les entreprises basées en Belgique. Les chiffres le prouvent. Cela explique pourquoi le capital moyen des sociétés basées en Belgique a fortement augmenté."

Ce n'est pas un hasard si les entreprises ayant leur siège social à  l'étranger montrent moins de compassion à  l'égard de leur personnel belge. Eric Van den Broele : "Une multinationale peut par exemple se rendre compte qu'une filiale bénéficiaire dans notre pays n'est pas aussi rentable à  l'échelle internationale. De nombreuses entreprises américaines ont prélevé sans vergogne leurs bénéfices belges. La filiale belge devient ainsi à  terme une boîte vide, sans pour autant tourner au ralenti ni être peu rentable."

Voilà  comment l'ancrage mal fichu de notre économie nous coûte des milliers d'emplois.

Nico Schoofs