Nomad's land

Vous avez l’âme d’un aventurier ? Sans attache, mais toujours branché ? Peut-être êtes-vous un digital nomad qui s’ignore… De la Thaïlande à l’Espagne, en passant par le Portugal, ils ont posé leur ordi dans d’autres contrées. Et nous racontent leur parcours hors des sentiers battus.

Nomad's land

Tracer sa route

L’été dernier, son master en journalisme fraîchement en poche, Paul se fait embauché par un magazine de musique (re)connu. Sauf qu’il avait prévu de voyager au Portugal avec son van. Mais est-ce vraiment incompatible ? « La plupart des articles étant des revues d’albums ou des actu qui ne nécessitent pas de rester à un endroit particulier, j’avais ce luxe de pouvoir écrire d’où je voulais. » Pas faux. Alors pourquoi se mettre un frein ? « J’ai roulé jusqu’à Figueira da Foz, un village côtier au Portugal, où je me rendais à un festival de surf. J’espérais y prendre quelques photos pour lancer mon activité de journaliste indépendant. Souvent, je me disais : c’est quand même vachement stylé de pouvoir écrire des articles de musique dans mon camion au bord de la mer, pendant un festival. Je dormais et travaillais dans mon van, face à la mer. Le reste du temps, je visitais et allais surfer. C’était très agréable. » Et indépendant, il l’est tant dans son activité que dans sa tête. « Si je n’ai pas envie de travailler aujourd’hui, ça ne concerne que moi. Il y a une certaine liberté. Mais c’est un mode de vie moins libre que ce que l’on pourrait imaginer : le travail implique nécessairement des contraintes et beaucoup d’organisation. Je n’ai pas un van hyper confortable, ni beaucoup de sous. Je restais parfois trois ou quatre heures dans une position bancale, face à mon ordinateur, sur mon matelas. Mon camion étant en tôle, il faisait très chaud. Heureusement que je ne travaillais pas à temps plein, seulement trois ou quatre heures par jour. » En effet, si cela peut sembler idyllique vu de l’extérieur, il y a des « pour » et des « contre », nous rappelle Paul. « Il faut penser à tout : où se doucher et laver ses vêtements, toujours disposer d’une bonne couverture réseau, avoir de l'électricité… Je n’ai pas de multiprise dans mon van. Je devais donc toujours calculer : je prenais mon café le matin ou grignotais quelque part le midi et en profitais pour charger mon téléphone et mon portable. Si je n’ai plus de batterie sur mon téléphone, je dois rouler pour le brancher à l’allume-cigare, ce qui empiète sur les heures de travail. Tout cela apportait une certaine pression. C’est un mode de vie qui vend du rêve, mais duquel on peut être déçu. Tu es souvent tiraillé entre l’environnement extérieur et le boulot, c’est pas mal prise de tête : si tu travailles trop, tu regrettes de ne pas avoir assez profité mais si tu profites trop, tu culpabilises. » Néanmoins, il le referait sans hésiter. « Avec plus de discipline et en aménageant davantage. Je pense qu’il est tout à fait possible de se créer une espèce de mini-routine pour se dégager un peu d’espace mental, pour se concentrer à la fois sur le travail et le voyage. »

Paul - digital nomad [square]

Paul, journaliste indépendant au Portugal. 

Globe-trotter

Psychologue de formation, Serge, de Liège, est senior consultant freelance depuis 15 ans, après avoir travaillé 12-13 ans en tant que salarié dans le secteur des ressources humaines pour de grosses entreprises. Depuis quelques années, il agrémente son quotidien, comme il dit, en découvrant certaines villes où il va poser ses valises durant quelques semaines et d’où il travaille en visioconférence. « J’ai un ami informaticien, Didier, qui est nomade digital depuis plus de 5 ans donc avant même la crise sanitaire. Un mois sur deux, il voyage, loue des Airbnb et va travailler dans des communautés nomades. Il est, par exemple, parti 6 semaines en Norvège, ce qui lui a permis de voir les aurores boréales », explique Serge qui accompagne, quelques fois par an, son ami. « Là, je reviens de Montpellier. Quand on part, on loue un appartement. Un de nous deux travaille dans l’appartement et l’autre va dans un espace de coworking et on se retrouve le soir et le week-end pour profiter de la ville où nous nous trouvons ».

Pour son travail, Serge n’a pas besoin d’être physiquement présent en Belgique. « Mais pour cela, il faut que le lien ait déjà été créé physiquement avec le candidat que j’accompagne en reconversion professionnelle et qu’une relation de confiance se soit installée. Une fois le lien créé, on peut échanger par visio mais pas pour créer ce lien. Je ne pars pas non plus 3 mois d’affilée sinon, je pense que ça dérangerait mes clients. Je pars mais parcimonieusement ». Sa seule contrainte ? « Je dois rester dans le fuseau horaire de mes clients. J’ai récemment fait la Corse et Bordeaux également », note Serge. Sa prochaine destination ? « C’est en discussion mais ce sera certainement vers le sud pour aller chercher le soleil », conclut-il.

En quête de liberté

Pour Nancy, tout a commencé en 2017, en Belgique, lorsqu’elle a pris la décision de se lancer dans le marketing de réseau pour changer de style de vie et prendre une autre voie professionnelle. « Une voie plus à mon image… qui me permettait de travailler à la maison entourée de mes enfants. » Pouvoir aménager son temps comme elle l’entendait a été un déclic. « Rapidement, j'ai décidé d'aller plus loin dans l'aventure en aidant d'autres personnes à arrondir leur fin de mois ou à se lancer comme moi. Mon métier consistait à recommander des produits de beauté à ma communauté sur les réseaux sociaux et à faire grandir mon réseau de distribution partout dans le monde. » Plus qu'une nouvelle liberté financière, ce fut un changement révélateur. « Ce métier était fait pour moi car il m'apportait surtout une liberté de temps et une liberté géographique qui répondait parfaitement à mon besoin d'indépendance. J'ai pu m'occuper de mon fils à la maison, jusqu'à sa rentrée en maternelle. » En 2022, une nouvelle opportunité s'offre à la jeune femme : elle se lance dans la crypto-monnaie pour approfondir ses connaissances en investissement et se créer une autre source de revenus. « Un mois à peine après ce nouveau lancement, ma mère me demande de venir la voir en Thaïlande, mon pays natal, car elle a subi une opération pour lui enlever une tumeur. Je saute dans le premier avion avec mon bébé de 4 mois (mon 3eme fils) et mon compagnon pour foncer la rejoindre tout en étant obligée de laisser derrière moi mes 2 autres garçons d'une précédente union car ils avaient école. J'étais censée rester 3 semaines sur place pour la soutenir lors de sa phase de guérison et pour démarrer la chimiothérapie. » Mais le destin en a décidé autrement. « 14 jours après notre arrivée elle tombe dans le coma et nous quitte... Son corps n'a pas tenu le coup. » Nancy étend son séjour pour s'occuper des funérailles et de la succession. « Ne parlant pas la langue, j'ai dû me faire aider et tout ça prend énormément de temps ! ».  Aujourd’hui, cela fait 8 mois qu’elle est en Thaïlande. « Je n'avais pas vu mes enfants depuis tout ce temps et je peux vous dire que c'est un énorme sacrifice que de devoir faire un choix aussi dur. A présent, ils sont tous avec moi pour les vacances d'été et nous discutons beaucoup ensemble de l'avenir. Car, depuis que je suis ici, j'ai redécouvert mes racines et je vois ma vie prendre un tout autre chemin. Plus qu'un héritage, ma mère nous a offert à tous un avenir bien plus serein et rempli de nouvelles opportunités. J'ai décidé de rester ici car je suis en train de construire quelque chose d'énorme pour mes enfants et qui me dépasse encore à l'heure actuelle. Mais aussi, si j'ai fait le choix de rester, c'est pour être en quelque sorte encore près de ma mère dont je ressens la présence partout où je vais. » Malgré cet événement tragique, les business digitaux qu’elle a construit continuent à tourner. Et elle peut se permettre de faire son deuil sans tracas car les rentrées financières s’auto-génèrent. « C'est pour ça aussi que je prône ce genre de métier. Il pourrait m'arriver quoique ce soit, l'automatisation de mes business me permet de ne pas m'inquiéter. Grâce à ces rentrées et aux différentes possibilités qui s'offrent à moi ici, j'ai décidé de lancer un 3eme business dans le marketing d'affiliation, d'enfin me lancer dans l'immobilier à grande échelle mais aussi de créer une page et un e-book sur l'expatriation et tout ce qu'il faut savoir pour déménager sereinement avec mon associée et amie Jessica Defauwes qui est expatriée en Inde avec ses 3 enfants. Nous postons régulièrement plein de bons plans sur nos 2 pays d'accueil sur notre page Insta "My passport to freedom". » L’histoire de Nancy démontre que rien n'est figé dans le temps. « Il faut - quoi qu'il arrive - garder la foi et faire confiance au processus. » ajoute-t-elle avec sagesse. « Tout est écrit de toute façon… mais c'est la manière d'arpenter les chemins qui s'offrent à nous qui font la différence et qui nous permettent d'avancer vers notre destinée. »

Nancy - digital nomad [square]

Nancy gère divers business digitaux depuis la Thaïlande. 

Expat ou indépendant ?

Depuis quelques années, c’est de Torrevieja, dans la province d’Alicante, en Espagne, qu’Olivier exerce son métier d’ingénieur développeur pour le compte d’une entreprise belge. « Au départ, je travaillais dans le secteur de l’assurance, au département informatique. Il y a eu une restructuration et j’ai perdu mon boulot. J’ai alors été engagé par une entreprise qui ne disposait pas de bureau : je travaillais de chez moi », explique Olivier. « Mon patron savait qu’avec ma femme nous avions une maison en Espagne. C’est lui qui, un jour, m’a demandé pourquoi je n’allais pas m’installer là. L’idée a fait son chemin et, après la crise sanitaire, nous sommes partis avec mon épouse ». Depuis, Olivier poursuit donc son job depuis l’Espagne. « Rien n’a finalement changé par rapport à ce que je faisais en Belgique puisque je télétravaillais déjà. Je suis toujours aussi disponible. Il n’y a pas de contrôle de présence. Aujourd’hui, par exemple, au moment où je vous parle, je suis à l’aéroport en Belgique, et je travaille dans le lounge. Si je n’ai pas terminé, je continuerai le soir, quand je serai de retour en Espagne ». Ce qui l’a poussé à partir ? « Pas tellement le climat mais plutôt la clarté et la lumière. J’en ai besoin pour me sentir bien. Pour la douceur de vivre aussi et pour fuir le stress. Mon patron n’avait qu’une exigence : que je sois dans un fuseau horaire proche du sien, sinon j’aurais dû travailler la nuit », sourit-il. Toutefois, une contrainte est née de cet éloignement : Olivier a dû prendre un statut d’indépendant en Espagne. « Sans cela, j’aurais été considéré comme un expatrié et cela aurait des conséquences pour l’entreprise puisque ça lui coûterait plus cher, qu’il faudrait que les communications et le contrat soient rédigés dans la langue du pays d’accueil… Pour éviter cela, j’ai pris un statut d’indépendant. Ce qui, au final, m’arrange puisqu’il me permet d’avoir d’autres clients », raconte Olivier. Aujourd’hui, si Olivier revient en Belgique de temps en temps, ce n’est pas tellement pour voir son patron avec qui il communique par Skype. « Je reviens parce que j’ai une autre activité… Je suis DJ », conclut-il. Et ça, c’est plus compliqué à exercer à distance…

Olivier - digital nomad [square]

Olivier travaille en tant qu'ingénieur développeur pour le compte d’une entreprise belge en Espagne. 

Top 10 des pays les plus populaires auprès des digital nomads

Ces voyageurs modernes ont des critères bien précis pour choisir leur destination. D’abord, une connexion internet fiable est essentielle pour rester connectés. Ensuite, un climat agréable est souvent recherché, car il offre un cadre propice à la productivité et au bien-être. Et si en plus le coût de la vie est plus abordable, toutes les cases sont cochées. Certaines villes, comme Ubud ou Lisbonne, sont devenues de véritables "hubs" pour les nomades digitaux, attirant une communauté dynamique via des infrastructures adaptées à leur mode de vie itinérant.

  1. Portugal
  2. Indonésie
  3. Thaïlande
  4. Allemagne
  5. Espagne
  6. Argentine
  7. Mexique
  8. Pologne
  9. Roumanie
  10. Bulgarie

Pour plus d’informations sur les villes et pays préférés des nomades, rendez-vous sur www.nomadlist.com

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