Omicron et la flexibilité font exploser le recours au travail étudiant

Le nombre d'étudiants au travail est à la hausse

« Nous observons une augmentation de 46% du nombre d’étudiants au travail par rapport à la même période en 2019, avant la pandémie », confie Sébastien Cosentino (Randstad). ▶ D.R.

Le nombre d’étudiants au travail est à la hausse, il a même atteint un niveau supérieur à celui observé avant le début de la crise sanitaire. Le variant Omicron ainsi que la flexibilité permise par le télétravail y sont pour beaucoup.

Le recours au travail étudiant aurait-il explosé ces derniers mois ? C’est en tout cas ce que semble indiquer une analyse du spécialiste RH Liantis. Elle indique que près d’un gérant de PME sur trois a fait appel à des étudiants l’an dernier, soit 32,1 %, contre 30,9 % en 2020 et 30,7 % en 2019. Une tendance que constate aussi Randstad. « Nous observons une augmentation de 46 % du nombre d’étudiants au travail par rapport à la même période en 2019, avant la pandémie », confie Sébastien Cosentino, Key Account Manager et porte-parole de Randstad. « Nous sommes donc loin de l’impact négatif de la crise qui avait été constaté sur le travail étudiant à la sortie du lockdown en 2020. » Que du contraire, la crise sanitaire boosterait même aujourd’hui la demande de jobistes. Et la déferlante d’omicron n’y est pas étrangère… « Depuis l’arrivée de ce nouveau variant, de nombreux cas contacts sont signalés chaque jour dans les entreprises et l’absentéisme dû au covid a atteint des records », pointe Sonia Frey, Head of HR & External Communication Manager d’Adecco. « Pour pallier ces absences, les employeurs ont tendance à se diriger vers la main-d’œuvre étudiante. Et cela est facilité par les mesures prises dernièrement par le gouvernement et le gel des quotas d’heures du travail étudiant. »

Des disparités sectorielles

Cette compensation par le travail étudiant a bien sûr ses limites. Impossible de remplacer une équipe entière par des jobistes, surtout si le poste visé requiert des compétences techniques. Des disparités sectorielles sont donc à épingler. «Certaines fonctions techniques sont difficilement duplicables pour un travailleur étudiant », développe Sébastien Cosentino. « Des secteurs comme celui de la construction ne sont donc pas en mesure de miser de la même manière sur cette main-d’œuvre. D’autres, en revanche, en profitent pleinement. C’est le cas de la logistique, de la grande distribution et du secteur des services, qui a de plus en plus recours aux étudiants pour les tâches administratives. »

Une autre tendance s’installe aussi durablement en toile de fond : celle du télétravail des étudiants, avec la flexibilité qui en découle. « De nombreux employeurs donnent aujourd’hui la possibilité aux étudiants d’effectuer leurs tâches depuis leur domicile », constate Sonia Frey. 

« Cela règle les problèmes parfois liés à la motorisation. Mais surtout, les étudiants peuvent compter sur une rentrée d’argent qu’ils combinent plus facilement avec leurs activités académiques. Le travail étudiant ne se limite donc plus aujourd’hui au week-end ou aux vacances. »

Il cesserait également d’être considéré comme une variable d’ajustement, mais s’érigerait en véritable canal de recrutement. « Les employeurs affichent aujourd’hui la volonté de pouvoir capitaliser sur des étudiants qui ont acquis une série de compétences à travers leur bachelier ou la première année de leur master », souligne Sébastien Cosentino, « L’idée, c’est de les nourrir de projets et de contenus de fonction attractifs dans une logique de win-win, pour les fidéliser sur le long terme. »

Le recours au travail étudiant prend donc aujourd’hui la forme d’une détection des perles de demain. Et déjà, une forme de « pré-guerre » des talents apparaît sur le marché. « À ce niveau, les PME ont des cartes à jouer et doivent se montrer concurrentielles. Le recrutement des étudiants doit aujourd’hui s’inscrire dans une vraie politique RH », estime le porte-parole de Randstad

Pauline Martial

 

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