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Pénurie: nos informaticiens sont-ils suffisamment formés?

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 25 oct. 2019
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Le domaine de l’ICT n’est pas épargné par la pénurie qui frappe actuellement de nombreux secteurs du marché du travail. Mais qu’ils étudient à l’université ou en haute école, la formation de nos étudiants en informatique correspond-elle aux besoins des entreprises?

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A l’heure où le numérique investit tous les domaines d’activité, le métier d’informaticien figure, au même titre que d’autres fonctions, sur la longue liste des métiers en pénurie dans notre pays. Résultat: les entreprises s’arrachent les jeunes formés aux métiers de l’informatique. Des jeunes qui sont pourtant de plus en plus nombreux à s’inscrire dans ces filières. «On constate, depuis 2-3 ans, une augmentation importante du nombre d’inscriptions dans notre section d’informatique de gestion qui forme au métier de développeur. C’est plutôt une bonne nouvelle au regard de la pénurie qui sévit sur le marché», confie Sylvie Duroisin, directrice du département économique de la Haute Ecole Louvain en Hainaut (Helha) à Mons. Depuis peu, cette filière séduirait aussi un nouveau public: les demandeurs d’emploi. «Le métier d’informaticien a été reconnu comme métier en pénurie par le Forem. Du coup, les demandeurs d’emploi qui se lancent dans ces études bénéficient d’une dispense et ne sont plus tenus de prouver leurs démarches de recherche d’emploi durant les trois ans de bachelier. Cela nous amène un public différent de nos étudiants habituels», développe Sylvie Duroisin.

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Plus d’inscrits, pas forcément de diplômés

Une affluence similaire est observée au sein des universités. A titre d’exemple, à l’UCLouvain, les sciences de l’informatique enregistrent une progression de près de 50% des primo-inscrits ces cinq dernières années. Un attrait qu’il faut relativiser, selon Michel Verleysen, doyen de l’Ecole de polytechnique de l’UCLouvain: «On se réjouit de voir que cette section est de plus en plus plébiscitée. Mais avoir plus d’étudiants inscrits ne signifie pas qu’on aura plus d’étudiants diplômés en informatique. Le taux de réussite dans cette filière n’est pas énorme à l’université parce qu’il y a souvent une confusion chez certains étudiants quant aux débouchés: beaucoup pensent qu’on va les former à devenir analystes programmeurs, mais la formation universitaire est plus large que cela. Certains finissent donc par se réorienter», souligne Michel Verleysen.

Reste la question de savoir si ces formations, tant à l’université qu’en haute école, correspondent aux attentes et besoins des entreprises. Pour Sylvie Duroisin, cela ne fait aucun doute: «Nous dispensons une formation professionnalisante qui permet à nos étudiants d’être opérationnels dès la sortie de leurs études, voire avant. Les entreprises n’hésitent pas à prendre parfois quatre ou cinq de nos étudiants en stage en même temps. La plupart du temps, ils sont ensuite engagés. Nous avons un taux d’insertion professionnel de 85% pour les étudiants en informatique de gestion.» Du côté de l’UCLouvain, on préfère nuancer. «Nos formations, même à l’université, tendent à se rapprocher des exigences du marché de l’emploi, mais certaines entreprises continuent à nous dire qu’elles souhaiteraient qu’on mette davantage l’accent sur certains aspects ou programmes; nous sommes tout de même convaincus de bien préparer nos étudiants à leur entrée sur le marché de l’emploi car nous dispensons des cours avec une approche fondamentale qui leur permet non seulement de trouver du travail en sortant, mais aussi de pouvoir s’adapter aux changements que connaîtra le métier dans cinq ou dix ans», estime Michel Verleysen.

Former continuellement

Car dans un domaine comme l’informatique, la technologie évolue à toute vitesse. L’enjeu est donc de former des informaticiens capables de travailler efficacement aujourd’hui, mais aussi demain. Et c’est au niveau de la formation continue que tout se joue, à en croire le doyen de l’Ecole de polytechnique de l’UCLouvain: «La formation continue est fondamentale et relève aussi de la responsabilité des entreprises. Malheureusement, je pense qu’en Belgique francophone, on ne fait pas figure de bon élève à ce niveau-là. Nous n’avons pas vraiment une approche holistique des besoins en formation continue au long de la vie professionnelle de nos travailleurs. Or, les besoins se font clairement sentir, spécifiquement dans les domaines techniques comme l’informatique. Les universités et entreprises ont tout intérêt à collaborer davantage à ce niveau.» L’offre de ces formations continues semble toutefois évoluer favorablement. A titre d’exemple, huit modules de formations sont organisés à l’UCLouvain dans le domaine de l’informatique, contre à peine un seul il y a une dizaine d’années. La situation serait donc en bonne voie, même si un long chemin reste encore à parcourir.

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