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Prêts à décoller sur le marché du travail ?

Date de publication: 18 oct. 2013
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Il suffirait d'un rien pour que le marché reprenne des couleurs. C'est en substance ce qui ressort d'une enquête d'Acerta selon laquelle la proportion de salariés qui se disent ouverts à la proposition d'un nouvel employeur ne cesse d'augmenter. La propension à se laisser séduire culmine chez celles et ceux qui affichent entre dix et quinze ans d'ancienneté, mais c'est chez les plus jeunes que la démarche est la plus active : 21 % des salariés qui affichent moins d'un an d'ancienneté cherchent déjà... un nouvel employeur !

Une enquête exclusive

Cela fait des mois, voire des années pour certains d'entre vous, que vous rongez votre frein en raison de la crise. Mais cela pourrait changer dans les prochains mois. Voire, qui sait, à l'occasion de notre Salon Talentum. Car s'il est un enseignement que l'on peut tirer de l'enquête Acerta Candidate Pulse 2013, dont Références publie les résultats en exclusivité, c'est que vous êtes particulièrement attentifs à l'évolution du marché de l'emploi et aux propositions qui pourraient vous être faites : peut-être n'êtes-vous qu'à un pas de franchir le cap et de saisir l'opportunité qui vous tend les bras.

Une volonté de renouveau

Réalisée auprès d'un panel de 2 000 participants, parmi lesquels 85 % de diplômés de l'enseignement supérieur, cette enquête montre effectivement que 5 salariés sur 6 sont intéressés par un nouveau challenge. Soit ils recherchent activement un nouvel emploi comme c'est le cas de 14 % des salariés qui affichent entre 5 et 10 ans d'ancienneté auprès de leur employeur, de 21 % des jeunes pourtant tout juste recrutés (entre 0 et 1 an d'ancienneté), voire de... 29 % des salariés qui affichent 15 et 20 ans d'ancienneté.

D'autres opportunités

S'ils ne recherchent pas activement un nouvel emploi, les salariés se déclarent dans leur immense majorité ouverts à d'autres opportunités. Ils ne postulent donc pas directement, essentiellement en raison de la crise qui incite à redoubler de prudence avant de se décider à changer de job, mais leur frilosité est largement compensée par leur curiosité : quelle que soit l'ancienneté considérée, plus d'un collaborateur sur deux est mentalement prêt à aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs – et davantage si affinités.

Curieusement, quelque 58 % des salariés restent attentifs à l'évolution du marché... alors qu'ils viennent à peine de se faire recruter (moins d'un an d'ancienneté). Et ce taux va croissant en fonction de l'ancienneté, jusqu'à atteindre 80 % de l'échantillon pour les collaborateurs qui affichent entre 10 et 15 ans d'ancienneté.

D'après Acerta, cette prédisposition à changer d'emploi est croissante. En témoigne la comparaison effectuée entre 2012 et 2013, qui voit la proportion de collaborateurs qui n'ont jamais réagi à une offre d'emploi durant les six derniers mois baisser de 53 % à 45 % en l'espace d'un an. Et ce, alors que la proportion de celles et ceux qui ont réagi à une offre est systématiquement en hausse : de 25 % à 27 % (1 à 2 fois durant les six derniers mois), de 11 % à 14 % (de 3 à 5 fois), de 5 % à 6 % (de 6 à 10 fois) et de 6 % à 8 % (plus de 10 réactions).

Plusieurs interprétations possibles

Comme toujours, cependant, les statistiques peuvent être interprétées de différentes manières. Car, même si la proportion de celles et ceux qui réagissent est en hausse, il n'en reste pas moins que 45 % des répondants ne réagissent pas du tout. Qu'ils soient attentifs à ce qui se passe, voire ouverts à une proposition, ne donne en effet aucune indication quant à leur propension réelle à changer d'employeur.

Attention au retour de la confiance

Quel pourrait être le déclic ? Comme l'explique Philippe Depaepe, directeur général d'Acerta Wallonie-Bruxelles (lire l'interview par ailleurs), l'élément déterminant sera le retour de la confiance, qui seule pourra inciter les candidats à un nouveau job à laisser tomber leur prudence pour se décider à embrasser une nouvelle carrière. Car, fondamentalement, nombre de collaborateurs sont insatisfaits, estimant que leurs talents ne sont pas suffisamment exploités, par déception vis-à-vis de l'ambiance de travail, du contenu de leur fonction ou de la faiblesse de leur rémunération, entre autres : les motifs pour changer d'employeur ne manquent pas...

Cette analyse est confirmée par une enquête réalisée cette fois par le groupe Securex auprès de 1 318 travailleurs, qui démontre que plus de la moitié d'entre eux (57 %) sont convaincus de pouvoir trouver plus facilement un emploi similaire chez un autre employeur qu’au sein de leur entreprise (52 %). Cela signifie que les travailleurs observent moins d’opportunités au sein de leur entreprise qu’en dehors et changeront facilement d’employeur en temps opportun, commente-t-on chez Securex. Ce n’est pas de bon augure pour les entreprises, surtout dans le nouveau contexte de guerre des talents. Si une entreprise offre moins d’opportunités d’évolution interne que le marché externe, elle s'expose à une augmentation des frais liés à une rotation élevée (recrutement, formation...). 

Employeurs, vous voilà donc prévenus : pour autant que la conjoncture s'améliore, vous risquez bel et bien de voir dans les prochains mois vos meilleurs talents succomber à l'offre d'un concurrent. Et ce, d'autant plus que la crise les a trop longtemps obligés à mettre cette ambition sous le boisseau.

« Une grande frilosité doublée... d'une grande curiosité »

Philippe Depaepe est directeur général d'Acerta Wallonie-Bruxelles. Si la frilosité des salariés s'explique à ses yeux en grande partie par la crise, leur ouverture à un changement de job a rarement été aussi forte. Il s'en faudrait donc de peu pour que l'on retrouve enfin davantage de mobilité.

L'enquête d'Acerta révèle un paradoxe : l'envie de bouger est réelle, mais la prudence l'est tout autant. Quelle est votre analyse ?

La crise actuelle, qui perdure tout de même depuis l'éclatement de la crise financière à l'automne 2008, incite fort logiquement les gens à faire preuve de prudence. Il y a une frilosité à changer d'employeur dans la mesure où l'on ignore de quoi le lendemain sera fait, et cela peut se comprendre : certains collaborateurs préfèrent s'accrocher à leur emploi actuel même s'ils n'y sont pas pleinement satisfaits plutôt que prendre le risque d'être le dernier arrivé dans une autre entreprise. Mais ce constat d'une relative frilosité ne doit pas éluder ce qui constitue à mes yeux le principal enseignement de l'enquête : fondamentalement, les collaborateurs sont curieux et ont envie de bouger !

L'envie de bouger ne paraît-elle pas plus passive que réellement active ?

Cela dépend de multiples facteurs, comme l'ancienneté dans l'entreprise par exemple, mais si on regarde l'enquête de manière globale, on constate que sur 6 salariés, il n'y en a qu'un seul qui n'a pas envie de bouger. Autrement dit : 1 salarié sur 6 dit chercher activement un nouveau job et 4 sur 6 se disent ouverts à une proposition et se tiennent informés des opportunités. Deux tiers des répondants sont donc potentiellement actifs sur le marché de l'emploi. C'est davantage que les années précédentes. Et c'est énorme !

Quels en sont les enseignements pour les recruteurs ?

À court terme, vu le contexte de crise et la frilosité évoquée ci-dessus, les recruteurs doivent plus que jamais travailler leur attractivité et faire œuvre de conviction s'ils veulent attirer un collaborateur : ce dernier sera peut-être ouvert à une proposition, il l'étudiera probablement avec attention, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il l'acceptera en l'état. Je constate d'ailleurs que ce phénomène de frilosité s'est très récemment accentué sous l'effet de l'harmonisation des statuts entre ouvriers et employés.

L'harmonisation des statuts pénaliserait donc la mobilité ?

De nombreux employés sont en effet devenus très réticents à l'idée de changer d'employeur si cela présente pour eux le risque de voir leurs droits acquis se réduire (grille Claeys et délai de préavis notamment). Je connais de nombreux employeurs qui sont d'ores et déjà confrontés à cette nouvelle contrainte, qui s'ajoute à celle générée par la conjoncture économique incertaine.

Que faudrait-il pour que la mobilité retrouve du tonus ? Pour que celles et ceux qui sont dans les starting-blocks se décident à se lancer ?

Objectivement, nous sommes tous dans l'expectative. Il y a des signes de reprise économique pour le début de l'an prochain, mais tout cela doit encore être confirmé. L'élément déterminant sera donc le retour de la confiance, qui seule pourra inciter les candidats à un nouveau job à laisser tomber leur prudence pour se décider à embrasser une nouvelle carrière. Car, fondamentalement, les éléments pouvant les inciter à changer d'employeur ne manquent pas : nombre de collaborateurs sont insatisfaits – les études sont unanimes à cet égard –, car ils estiment que leurs talents ne sont pas suffisamment exploités et sont déçus par l'ambiance de travail ou encore par leur rémunération.

Autrement dit : le marché de l'emploi serait comme un ressort prêt à se détendre ?

Notre enquête démontre en tout cas que la curiosité est maximale. Et ce, alors que l'insatisfaction est croissante. Si le marché redémarre, il pourrait dès lors le faire promptement. Pour le dire autrement : la crise n'a que trop duré et nombre de collaborateurs en ont un peu marre de faire le gros dos en attendant que ça passe. Ils ont envie de bouger...

L'irrésistible ascension de LinkedIn

Les salariés s'étant placés en mode « veille », comment s'informent-ils quant aux opportunités d'emploi ? Par le biais de médias spécialisés comme « Références », bien évidemment, qui arrivent plus que jamais en tête des canaux utiles pour la recherche d'un job, selon l'enquête d'Acerta qui révèle une autre tendance lourde : l'exceptionnelle montée en puissance des médias sociaux, et de LinkedIn en particulier.

Quelque 83 % des personnes qui effectuent une veille sur le marché de l'emploi déclarent en effet utiliser les médias sociaux, sans aucune discrimination d'âge ou presque : toutes les générations dépassent largement les 80 % de taux d'utilisation, à l'exception de 55 ans ou plus... qui sont tout de même 73 % à déclarer les utiliser.

Quels médias sociaux ? Parmi les six plateformes mentionnées dans l'enquête (Facebook, LinkedIn, Plaxo, Twitter, Viadeo et Xing), c'est indubitablement LinkedIn qui décroche la palme : 34 % des personnes interrogées disent utiliser activement ce canal pour décrocher une nouvelle opportunité professionnelle et 47 % se déclarent « ouvertes » à une offre par ce biais, ce qui porte à 81 % le taux d'utilisation de ce réseau social à des fins de recrutement. En comparaison, ce taux combiné (recherche active et veille passive) atteint seulement 27 % pour Facebook et 13 % pour Twitter.

Plus précisément, s'agissant des personnes qui postulent via les médias sociaux, 28 % des personnes actives ont réagi à une offre au cours des six derniers mois par ce canal et 44 % des personnes ayant déclaré avoir postulé l'an dernier l'ont fait par ce biais, constate-t-on chez Acerta où l'on précise que 87 % des offres d'emploi via les médias sociaux n'ont été partagées que via LinkedIn. Près de la moitié de l'échantillon (46 %) a été contactée pour une opportunité d'emploi au cours des six derniers mois, parmi laquelle 90 % via LinkedIn.