Quand la Flandre attire les travailleurs bruxellois

 

Bxl

 

Lorsqu’il s’agit de trouver un emploi, les Bruxellois ont visiblement de plus en plus la bougeotte. Ils sont ainsi chaque année un peu plus à faire la navette pour sortir de la capitale afin de rejoindre leur lieu de travail. La dernière étude sur la question, menée par l’Observatoire bruxellois de l’emploi et de la formation, indique qu’aujourd’hui, un peu moins de 77.000 Bruxellois sont des navetteurs sortants. Un chiffre en hausse constante depuis plusieurs années. En 2012 par exemple, ils étaient 10.000 de moins.

À l’inverse, les travailleurs sont moins nombreux à rejoindre la capitale pour travailler quotidiennement. Entre 2012 et 2017, le nombre de navetteurs entrants était en baisse de 2,7 %. Mauvaise nouvelle pour l’emploi au sein de notre capitale ? Non, assure Actiris, l’office ré- gional bruxellois de l’emploi. « Cela le serait effectivement si la sortie des travailleurs et la baisse des navetteurs entrants n’étaient pas remplacées et qu’il s’agissait donc d’emplois perdus. Mais on constate que les fonctions sont occupées par d’autres Bruxellois, ce qui, au final, est une bonne nouvelle pour la ré- gion », explique Grégor Chapelle, le directeur général d’Actiris.

L’attirance flamande

Si la Flandre et la Wallonie sont donc visiblement attirantes pour les travailleurs habitant dans la capitale, l’intérêt est beaucoup plus marqué pour le nord du pays. En 2017, un peu plus de 25.700 Bruxellois se dirigeaient vers la Wallonie pour aller travailler contre plus de 51.000 vers la Flandre. Une très large différence qui s’explique. « Il y a plusieurs raisons. La première est démographique. Alors que le taux de remplacement est supérieur à 100 % sur le marché wallon, il est de 86 % en Flandre. Autrement dit, la Flandre ne parvient pas à remplacer tous ses travailleurs qui quittent le marché en fin de carrière. Elle a donc besoin de main-d’œuvre supplé- mentaire. L’autre raison est économique. L’offre d’emploi en Flandre, pour des professions peu qualifiées, est plus importante qu’en Wallonie. Or à Bruxelles, une partie importante des sans-emploi sont justement des personnes peu qualifiées qui sont donc intéressées par ce type d’offre », explique Grégor Chapelle, le directeur général d’Actiris. Le Brabant flamand est ainsi particulièrement attirant avec des grandes entreprises, comme Bpost ou l’Aéroport de Zaventem, qui sont régulièrement à la recherche de ce type de profil. « À l’inverse, le Brabant wallon cherche beaucoup de travailleurs qualifiés en raison du développement important d’activités poussées comme le pharma », précise le responsable d’Actiris.

Navetteur heureux

Les travailleurs peu qualifiés ne sont toutefois pas les seuls à vouloir tenter l’expérience de l’autre côté de la frontière linguistique. Thomas-Louis de Lophem en est le parfait exemple. Cet ingénieur civil et physicien, d’origine francophone, vit à Woluwe. Il a pourtant choisi de travailler à Leuven chez Sitemark, une jeune entreprise spécialisée dans l’utilisation de drones pour entreprise.

« J’ai eu plusieurs expé- riences à l’étranger puis j’ai travaillé chez Engie. J’avais envie de repartir dans une structure plus petite mais toujours tournée vers l’international », explique l’ingénieur de formation, aujourd’hui head of operations. Il travaille dans une équipe d’une quinzaine de personnes dont seulement cinq sont belges. Le néerlandais n’est donc pas vraiment une difficulté. « Je parle assez bien néerlandais mais ne suis pas bilingue. Je n’aurais pas été à l’aise dans certaines situations où il faut négocier par exemple. Tout se fait en anglais. Ce n’était donc pas vraiment un frein à venir travailler en Flandre. J’ai d’ailleurs des collègues étrangers qui, en arrivant, ont commencé à étudier le néerlandais avant de renoncer et privilégier plutôt le français, qu’ils trouvent plus utile », explique Thomas-Louis de Lophem. Toujours résident à Bruxelles, le responsable opérationnel fait donc chaque jour le trajet vers Leuven. Un parcours à contrecourant, forcément fluide et plutôt appréciable. « Je mets tous les jours une vingtaine de minutes. Je n’ai donc aucun problème de mobilité. Ce n’était pas l’argument principal pour prendre cet emploi mais cela a joué. En travaillant ailleurs dans Bruxelles je mettrais sans doute autant, voire plus de temps à me rendre au travail », explique encore ThomasLouis de Lophem. Qui a dit que faire la navette devait forcément être un calvaire ? 

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