Retourner au travail et s’y sentir bien
« On est devenus beaucoup plus flexibles », assure la directrice des ressources humaines de Luminus. ▶ Luminus
Après la crise sanitaire, permettre aux travailleurs de se sentir bien au travail dans un système désormais hybride de présentiel et de distanciel nécessite une adaptation des pratiques managériales. Enjeu central : maintenir le lien entre les collaborateurs et entretenir le sens du travail effectué.
Alors qu’on semble enfin voir le bout du tunnel, le bien-être au travail s’invite dans toutes les conversations et rencontres professionnelles. « Au sein de l’ADP Liège, le signe que la crise sanitaire a accentué la préoccupation pour le bien-être au travail est visible dans le fait que, depuis de nombreux mois, c’est la thématique de la plupart des événements que nous organisons régulièrement en fonction de l’actualité et de la demande de nos membres », explique Nathalie Bologne, présidente de l’association qui regroupe 160 professionnels des ressources humaines.
Le dernier colloque portait sur ce que la crise avait généré dans les équipes RH, mais aussi plus généralement au sein des entreprises. On a parlé de résilience, mais aussi de nutrition, un élément qui peut participer à la gestion du stress et à la maîtrise de la fatigue, par exemple. Dans des ateliers, on a testé le yoga, l’art-thérapie… pour éventuellement déployer de telles activités dans nos entreprises. » Partant du constat que faire du bien fait du bien, les participants au colloque de l’ADP-Liège ont aussi dessiné des cartes de vœux destinées aux résidents de maisons de repos.
C’est que le climat qui règne entre les collègues, la convivialité, la responsabilité sociétale de l’entreprise ou encore le type de management et la bienveillance sont des éléments qui font que l’on se sent bien au travail. Par ricochet, ils ont un impact sur la performance du travailleur… Pour Nathalie Bologne, ces éléments s’ajoutent à la loi du 4 août 1996 et ses arrêtés d’exécution rassemblés dans le Code du bien-être au travail qui régissent l’ensemble des conditions dans lesquelles le travail est exécuté. Dans ces textes, il est question de sécurité, de santé, d’ergonomie, de risques psychosociaux ou encore d’embellissement des lieux de travail.
Nathalie Bologne-, présidente de l’ADP Liège. ▶ D.R.
Un management de proximité
Par ailleurs, le télétravail imposé lors des différentes vagues de la crise sanitaire s’est progressivement installé dans les habitudes. Certaines grandes sociétés qui l’organisaient déjà avant, comme Luminus qui emploie environ 2400 personnes sur divers sites, l’ont formalisé et étendu. Les pratiques managériales ont dû évoluer et s’adapter pour devenir ce que Nathalie Bologne appelle du « management de proximité qui, par un effort de coordination, améliore à la fois la productivité et la qualité de vie du travailleur ».
Outre les aspects purement matériels nécessitant d’aménager un espace de travail ergonomique à la maison, de fournir des PC portables et des GSM, les entreprises ont fait face à une demande de plus grande flexibilité, concernant tant les horaires que les lieux de travail.
Katleen Daems, directrice des ressources humaines de Luminus, souligne que les réunions organisées en visio-conférences avec tous les employés permettent une plus grande transparence et que « les gens osent beaucoup plus vite poser des questions ». Encore fort habitués à travailler en présentiel avant la crise, les managers organisent désormais des réunions hybrides combinant présentiel pour les uns et visio-conférences pour les autres.
« Nos assesments se font à distance et le recrutement se fait en partie à distance. Les personnes pour lesquelles le télétravail était trop difficile ont quand même eu la possibilité de venir travailler au bureau de temps en temps et lorsque c’était vraiment nécessaire.
On est devenus beaucoup plus flexibles », note Katleen Daems.
Pour les personnes obligées de venir sur les sites de production, Luminus a donné des instructions très claires concernant le respect des règles sanitaires qui resteront en place après la crise. « Nous avons élaboré un outil de réservation des places où les gens travaillent et les collaborateurs ont vraiment aimé ça. »
Dans le secteur des technologies de l’information, le passage du présentiel au télétravail a 100 % a pu se faire assez facilement.
« Pour maintenir le lien, nous avons organisé des réunions plus récurrentes en visio-conférences, explique Nathalie Bologne. Pour sonder le moral des troupes, de manière régulière, nous avons aussi mis en place des événements en ligne comme des coffee corners le matin et des apéritifs en fin de journée. Ce qu’on n’avait plus en présence physique, d’ailleurs. On a essayé d’être très présents et soutenants et d’épauler également nos managers pour qu’ils puissent faire évoluer leur type de management. »
Pendant l’été 2020, pour maintenir la convivialité née de ces moments organisés en ligne, RNB a installé des tonnelles dans le jardin et fait venir des Food-trucks proposant frites ou glaces.
Quatre batteries bien chargées et en équilibre
Chez Luminus, l’approche managériale s’appuie sur une culture « positive ». « On appréhende chaque défi qui se présente avec un esprit positif, ouvert et optimiste, explique Katleen Daems. On a beaucoup travaillé sur les quatre batteries – physique, mentale, relationnelle et spirituelle – qui donnent de l’énergie, doivent toujours être bien chargées et en équilibre.
Par exemple, le sommeil est très important pour la batterie physique. Sur notre intranet, nous proposons des outils, tels que des lectures, des conférences et des e-learnings, pour que les personnes dorment bien et puissent évaluer leur propre sommeil. Si de graves problèmes se posent, elles peuvent se faire diagnostiquer à l’hôpital. »
Comme le souligne Nathalie Bologne, « la crise a mis en lumière l’importance de trouver du sens à faire ce que l’on fait, à ce qu’il y ait adéquation de nos propres valeurs avec celles de l’entreprise ». Dans le groupe informatique NRB qui l’emploie, la DRH relève une attente croissante des travailleurs ou des candidats au recrutement à l’égard de l’impact de l’entreprise sur la société. « Nos salariés nous demandent de prendre part à des actions caritatives. On nous demande aussi quels types de véhicules de société constituent le parc automobile, avec un intérêt pour les voitures électriques ou hybrides, la possibilité d’utiliser des vélos… C’était des questions que l’on n’entendait pas il y a cinq ans. L’installation d’une éolienne dans notre jardin a eu un retentissement important sur les candidats.
À l’occasion de la crise sanitaire, les collaborateurs de Luminus, deuxième fournisseur d’énergie en Belgique, ont réalisé à quel point le secteur d’activité dans lequel ils travaillent est « essentiel ». L’entreprise n’a pas non plus connu de chômage. Or, la sécurité de l’emploi est un autre élément important du bien-être au travail.