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Se former ou se reconvertir pour être «engagé»

Se sentir à la fois «aligné» et «engagé», bien à sa place professionnellement parlant, semble de plus en plus crucial aujourd’hui. La question du sens de ce que l’on fait et de l’adéquation avec nos valeurs profondes n’a probablement jamais été autant mise en avant.

Le Salon de la Reconversion professionnelle qui se tiendra à Namur jeudi prochain s’adresse tant aux personnes qui ont envie de donner du sens à leur carrière qu’à celles qui cherchent un nouveau défi professionnel à relever ou encore à celles qui souhaitent trouver une formation qui leur permettra de faire enfin ce qu’elles aiment. Pour Laetitia van Wijck, Benoit Evrard et Olivier Béroudiaux, tous trois coaches qui accompagnent des personnes en reconversion ou en transition professionnelle, la question du sens de ce que l’on fait ou de la façon dont on le fait est centrale.

Olivier Béroudiaux est responsable commercial et marketing à temps partagé pour différentes PME. Ce qui l’a amené à faire ponctuellement du coaching de carrière à l’aube de ses 50 ans est le fait de chercher plus de sens et plus de valeurs humaines dans son activité qui, à l’époque, était principalement d’ordre commercial. Et, ce qui n’est sans doute pas un hasard, il travaillait alors pour le Centre pour la formation et l’intervention psychosociologiques (CFIP). «Cette ASBL fournissait des conseils en ressources humaines, donnait des formations aux soft skills et était, côté francophone, la plus ancienne académie belge de coaching. C’est donc là que le déclic est né pour développer des choses que je faisais déjà naturellement.» En 2013-2014, il suit alors une première formation dans cette même ASBL. Le fait d’avoir pu bénéficier deux fois dans sa carrière de six mois d’outplacement a été un autre déclic pour l’inviter à emprunter cette voie. Aujourd’hui, à 58 ans, Olivier Béroudiaux se définit comme «tisserand de liens», en recommandant aux personnes coachées certains contacts professionnels issus deson propre carnet d’adresses qui accéléreront leur processus de transition.

Olivier Béroudiaux

Olivier Béroudiaux

D’où vient le désir de changement?

«Le désir de changement réside généralement dans le manque de sens de la fonction ou du travail, dans l’épuisement ou encore dans le manque de respect de la part de son manager direct... qui génèrent tous une perte de confiance en soi», souligne encore Olivier Béroudiaux. Certains veulent changer de statut, devenir indépendants ou entrepreneurs.Dans sa pratique de coach, Benoit Evrard reçoit des personnes qui vivent un mal-être de différents ordres. «Soit il est vraiment lié à l’aspect professionnel, soit il se manifeste sous forme d’une espèce d’angoisse, d’un mal-être intérieur indéfinissable, sans que ces gens ne sachent vraiment ce qui ne va pas. De temps en temps, il y a des personnes qui sont obligées de se reconvertir parce que leur métier n’existe plus ou que le secteur a changé. En général, les gens viennent chez moi parce qu’il y a un mal-être, une crise. Ça peut aussi être un certificat médical pour un burnout plus ou moins grave. Et tout cela les amène à réfléchir. C’est au fur et à mesure du processus, bien souvent, que se met en évidence le fait qu’il y a des choses avec lesquelles ils ne sont pas alignés. Après, est-ce que cela lesemmène ou pas à une reconversion? Ça dépend. Certains oui, d’autres non. Il est important, quand ça ne va pas, de mettre en évidence si c’est lié au contenu ou au contexte. J’ai déjà rencontré une juriste qui avait une très bonne position dans une très bonne entreprise, qui est venue me voir parce qu’elle avait envie de se convertir pour devenir épicière. Sa motivation première était d’être à l’écoute du client et de trouver le produit qui lui convient. Dans son cas, c’est le type de management de l’entreprise, donc le contexte de travail, qui ne lui convenait pas. J’ai aussi connu le casd’un ingénieur qui était dans un environnement qui ne lui permettait pas d’être l’ingénieur qu’il voulait être. La reconversion, ce n’est pas toujours changer de métier. Ça peut être changer le contexte dans lequel on exerce son métier, ça peut aussi être changer de rôle. C’est pourquoi il est absolument nécessaire de mettre en évidence les motivations des personnes. Qu’est-ce qui les motive au plus profonds d’elles-mêmes,parce que ça détermine aussi dans quels modes de fonctionnement elles se sentent bien. Ce qui va au-delà des compétences. Il y a beaucoup de personnes pour lesquelles, en tout cas, une remise en question est nécessaire, mais elles ne l’identifient pas toujours de cette manière-là. Et d’autres pensent qu’ils devraient changer de métier alors que ce n’est pas là qu’est l’os. C’est dans la manière de l’exercer.»

Benoit Evrard

Benoit Evrard

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L’impact du Covid: intensifier la remise en question

«Chez certaines personnes, le Covid a augmenté le mal-être et donc intensifié la remise en question. Quand une personne qui travaille dans l’Horeca est mise au chômage pendant 1,5 an, se pose la question de l’avenir. Même si cette personne aime son métier et ce qu’elle fait. Les personnes qui onteu le plus de difficultés avec le Covid sont celles qui ont besoin d’être ensemble, de travailler en équipe, de rencontrer des gens, et apprécient de donner des conseils au client. Le Covid a mis en évidence ce qui était déjà là en latence, dans un processus qui tendait à s’accélérer. En soi, ce n’est pas plus mal, parce que plutôt que de se laisser noyer ou envahir petit à petit par une manière de faire leur métier qui ne leur convient pas, ces gens ont pu voir, avec le Covid, ce que ce sera dans quelquesannées. Le Covid a aussi amené chez certaines personnes le questionnement par rapport au sens. Quand tout va bien, on ne se pose pas de questions. Mais quand une personne en vient à se dire que ce qu’elle fait ou la façon dont elle le fait n’a pas de sens, elle en vient à avoir la sensation de gaspiller son énergie. Au-delà de la question du sens et de la valeur, il y a aussi le plaisir de faire ce qu’on fait. Par exemple, ça peut avoir du sens de travailler pour Médecins sans frontières et, en même temps,n’avoir aucun sens d’y travailler de cette manière-là. Donc le mot ‘sens’ peut avoir différents sens. Il y a le côté valeur, mais il y a aussi l’aspect plaisir. Il y a aussi les façons de travailler qui sont les plus propices pour moi. La question est ‘est-ce que je fais ce pour quoi je me sens fait?’ Une question importante est aussi‘qu’est-ce que je fais de ma vie? Est-ce que, quand je serai pensionné, je serai fier de ce que j’ai fait? Aurai-je participé à un monde meilleur?’ Et selon les personneset leurs valeurs, ce monde meilleur pourrait être celui où tout le monde est égal ou celui où les investisseurs ont gagné beaucoup d’argent...»

Laetitia de wijck

Laetitia van Wijck

StepChange, un outil pour les particuliers et les entreprises

Laetitia van Wijck est coach en transition professionnelle depuis 2016 et s’adresse tout autant à des particuliers qu’à des entreprises. «J’aide les particuliers à trouver ou retrouver du sens dans leur job actuel ou à se réinventer dans une autre activité professionnelle qui leur correspond vraiment. Quand une personne vient me voir parce qu’elle ne trouve plus de sens, dans 99% des cas, c’est parce qu’elle n’est plus alignée à ses valeurs. Ce sont les vertus qui font sens pour elle, qui la touchent au plus profond de son être. Quand on est aligné à ses valeurs dans notre job, tout va bien. Mais si ce n’est pas le cas,ça mène au burnout. J’ai créé une méthode hyper structurée dont les retours étaient tellement positifs que j’ai voulu en faire un parcours de coaching digital en quatre étapes, ludique et facile d’usage: On commence avec l’analyse de la situation existante et avec l’identification des valeurs essentiellesde la personne. On passe ensuite à l’ouverture au champ des possible, puis à l’analyse d'une piste privilégiée et, enfin, à la mise en place d’un plan d'action. A l’issue du quatrième module, la personne identifie le job qui fait sens pour elle et sait comment se mettre en route à l’aide de son plan d'action sur mesures. Il s’agit d’une première ébauche. On va par exemple déterminer des compétences supplémentaires à acquérir via un stage, une formation complémentaire. On pourra contacter des chasseurs de têtes, refaire son CV, mieux gérer son temps pour pouvoir consacrer du temps à son projet, faire un business plan... L’application a été testée sur 700 personnes avec un taux de satisfaction moyen de 9,2/10. Elle alterne des activités en auto-apprentissage et des sessions de coaching collectives ou individuelles Live online.»

Partant du constat que de nombreuses entreprises subissent aujourd’hui des taux de départs élevés et un niveau d’engagement en baisse, Laetitia van Wijck leur propose un baromètre de l'épanouissement professionnel de leur personnel. «Les employés sont de plus en plus à la recherche de sens dans leur travailet ceci d'autant plus depuis la crise sanitaire. Comment faire face à cela en tant qu’entreprise et garder son personnel ?On pose des questions ouvertes aux employés pour comprendre ce qu’ils vivent au sein de leur entreprise. Les réponses sont complètement confidentielles. Ensuite, on dresse une carte de leur ‘ADN professionnel’. A ce stade, ce n’est plus confidentiel. Cet ADN permettra au manager de faire grandir l’employé et de trouver des pistes d’actions pour le retenir.»

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