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Semaine de quatre jours : un premier test dans une entreprise belge

Rédigé par: Sarah Lohisse
Date de publication: 15 nov. 2021
Catégorie:

Gentis Recruitment

Travailler quatre jours par semaine, mais garder un package temps plein-salaire-congé ? C’est désormais possible dans certaines entreprises belges, et notamment chez Gentis Recruitment. Une phase de test de trois mois est actuellement en cours pour examiner les bienfaits autant privés que professionnels sur les employés.

L’entreprise Gentis Recruitment, une boîte belge de recrutement basée à Bruxelles, Anvers, Paris et Casablanca, est une des premières sociétés belges à tester la semaine de travail à quatre jours. L’entreprise qui compte aujourd’hui 120 collaborateurs - répartis dans les quatre lieux - n’a pas attendu le projet de loi mis sur la table en octobre dernier par la Vivaldi pour prendre les choses en main puisqu’elle s’est lancée depuis mi-septembre.

Une expérience satisfaisante

Stéphanie Reniers a créé la boîte Gentis Recruitment avec trois autres recruteurs en avril 2011. Aujourd’hui, elle est une des instigatrices de la semaine de quatre jours dans sa boîte avec Farid El Machaoud, son associé. Un projet-test qui a débuté le 15 septembre sur base d’une demande globale des employés. « Alors que le télétravail a été généralisé dans beaucoup de secteurs, nous nous sommes rendu compte qu’il était extrêmement mal vécu chez nous – un milieu très commercial – et qu’il était source d’isolement complet à la maison voire même de burn-out » explique Stéphanie Reniers. « On a senti qu'on devait changer les choses en donnant le choix aux consultants d'implémenter officiellement le télétravail ou alors de partir sur une semaine de quatre jours. Ils étaient 98% à manifester le souhait de tester une semaine plus courte afin d’être physiquement au bureau» continue-t-elle.

Il ne s’agit pas de couper le temps de travail des collaborateurs, mais bien de condenser celui-ci en quatre jours plutôt que cinq. Les travailleurs et travailleuses gardent donc leurs avantages salariaux et de congé. Les retours actuels sont plutôt positifs selon la recruteuse : «Ils sont tous très reconnaissants, cela a renforcé l’esprit d’équipe. Ce qui nous a surpris, c'est que du coup, le vendredi, la plupart des collègues se retrouvent entre eux pour faire une partie de tennis ou de shopping ensemble. C’est une fierté de travailler dans une boite qui innove ».

Les journées habituelles sont donc plus longues que d’habitude, mais n’entraîneraient pas de fatigue supplémentaire selon la co-fondatrice de Gentis. Étant donné que les consultants avaient une charge de travail de base qui était déjà assez élevée, augmenter leurs horaires quotidiens afin de bénéficier d'un week-end de trois jours ne représenterait pas une source d’épuisement.

La phase de test se bouclera en décembre avec le bilan officiel des employés pour connaître l’impact de l’opération sur leur bien-être, autant professionnel que privé.

Stéphanie Reniers

Stéphanie Reniers

Aucune disposition légale

Où se trouve donc la faille ? « Pour nous, la plus grosse contrainte, c'est la loi actuelle qui ne prévoit aucun régime pour les quatre jours semaine. Nous sommes face à une problématique : soit on doit réduire les horaires à 35h, ce qui fait diminuer le nombre de congés par an, soit on doit quand même officiellement continuer à 38h et imposer 3h de télétravail le vendredi » se préoccupe Stéphanie Reniers. À l’heure actuelle, Gentis est obligé de faire continuer sous contrat « traditionnel », comme si le ou la consultant.e travaillait à raison de cinq jours par semaine.

Au vu des retours actuels positifs, et en attendant le bilan officiel des collaborateurs, l’entreprise semblerait aller vers un maintien de ce système.

Consensus de la Vivaldi

Une loi pourrait incessamment pallier le problème rencontré par la boîte. Pour rappel, début octobre dans le cadre de la réforme du marché du travail, la Vivaldi approuvait la proposition de la semaine de quatre jours. Tout comme Gentis Recruitment, pas question de rogner sur le temps de travail – et donc de salaire – des employés, mais bien de condenser les 38 heures de travail prévues par la loi en quatre jours, avec, par conséquent, un rendement quotidien de 9h30. Une décision qui avait mis en rogne certains partenaires sociaux comme la FGTB qui déplorait le manque de concertation du gouvernement à leur égard, critiquant aussi le camouflage du concept de la semaine de quatre jours qui vise, de base, à réduire le volume horaire des travailleurs. La proposition de la Vivaldi est aussi pointée du doigt parce qu’elle ne tient pas en compte la diversité du marché du travail et de sa pénibilité, non susceptible de s’adapter correctement à la compression d’un temps plein sur quatre jours pour tous les métiers. Si certains entrevoient donc cette semaine de quatre jours comme un gain de motivation et de productivité grâce à l’élargissement du week-end, d’autres craignent au contraire une baisse de la qualité du travail et du bien-être de l’employé. Une question qui divise.

Sarah Lohisse