Travail, famille, vacances : comment tout concilier ?
Dans le couple, en famille ou au bureau, les raisons d'étouffer sont nombreuses. Alors, pour supporter ces environnements " pollués ", volontiers qualifiés d'anxiogènes, les besoins de respirer et de s'aérer deviennent parfois vitaux.
Comment concilier vies professionnelle et familiale pendant les congés des enfants ? " Dites-moi comment vous passez vos étés et je vous dirai qui vous êtes. " Septante ans après l'" invention " de l'été avec la création des congés payés, les vacances divisent toujours les travailleurs. Auparavant, on était jugés sur nos succès professionnels. Désormais, il faut savoir en plus réussir ses congés.
> Voir aussi : 10 signes que vous avez vraiment besoin de vacances
Peut-être suffit-il de se poster un 30 juin à la sortie des écoles, d'observer les visages exaltés des bambins et les regards inquiets des parents, de tendre l'oreille aux scènes d'hystérie familiale, de palper l'atmosphère explosive de ces bousculades de marmots, fuyant les cours, pour mesurer l'enjeu : les vacances sont bien la grande affaire de nos vies modernes. Un rituel collectif, bien sûr.
Mais aussi un vrai casse-tête pour les parents coincés au boulot. Lesquels doivent composer pour occuper les journées de leur progéniture afin qu'ils ne succombent pas au traditionnel triptyque " télé-internet-jeux vidéo ". Prendre Thibaud à la crèche, puis Marion au stage de cirque. Passer chez le docteur pour les vaccins. Faire les courses et rentrer. Préparer le repas, donner le bain, puis coucher les enfants. Ne pas oublier de téléphoner pour savoir si les grands-parents sont disponibles pour les garder ce samedi. L'agenda d'une famille est souvent serré. À deux, on se laisse parfois déborder. Seul, c'est encore plus dur. Parent et professionnel à 200 % ?
" Aujourd'hui, nous sommes soumis à l'injonction de tout réussir : sa vie de couple, son rôle de parent, sa carrière, son épanouissement personnel ", analyse le docteur Serge Hefez. " Si l'on investit autant dans la famille, c'est parce que c'est ce qui apporte le plus de satisfaction. Le reste est souvent moins rassurant, plus conflictuel. D'où l'impression permanente et culpabilisante qu'on ne consacre pas assez de temps à nos enfants ", poursuit le psychiatre, auteur de Scènes de la vie conjugale (éd. Fayard 2010).
> Voir aussi : 8 astuces pour améliorer votre équilibre travail et vie privée
Contrainte financière forte
Et pourtant, aujourd'hui, les besoins de temps exprimés par les parents ont pris une telle ampleur qu'ils appellent des réponses fortes et rapides. D'aucuns sont contraints d'alléger leurs journées de travail, d'opter pour des congés sans solde ou des crédits temps pour assurer la garde de leurs enfants pendant l'été.
Inadaptés aux rythmes scolaires, les vingt jours de congé légaux sont insuffisants. Faut-il raccourcir les vacances d'été ou allonger celles des parents ? À la gestion du temps, s'ajoute une contrainte financière forte. Il n'y a pas de secret : les vacances et les stages coûtent cher. Il faut avoir les moyens de se les payer. " Le problème est plus critique en ce qui concerne l'accueil extrascolaire des enfants jusqu'à 12 ans, et en particulier avant et après le boulot ", explique Serge, 42 ans, délégué commercial, père de deux enfants.
" Les horaires des stages sont calqués sur le rythme scolaire. Ils ne sont pas adaptés à l'organisation des temps professionnels des parents et l'accueil extrascolaire, quand il est accessible, n'est pas suffisamment de qualité ou trop coûteux. " Les employeurs agissent aussi dans ce domaine, directement ou par un comité d'entreprise. De l'accès aux stages d'été à la crèche d'entreprise, leurs contributions sont diverses, prenant la forme d'aménagements ponctuels d'horaires, de prestations financières ou de services.
L'équilibre entre les vies parentale, professionnelle, personnelle et sociale est un défi pour la collectivité à l'aune de trois principes : l'égalité entre les femmes et les hommes, le respect de la diversité des familles et la prise en compte des inégalités socioéconomiques entre les parents. Or, de plus en plus de personnes vivent seules avec des enfants : le nombre de familles monoparentales a été multiplié par deux depuis le début des années 80, pour atteindre 20 % des ménages avec enfant(s). Au total, un enfant sur cinq vit dans ce type de famille, contre 8 % à la fin des années 60.
> Mon employeur est-il obligé de payer le pécule de vacances?
Difficile d'être un parent actif
Dans 85 % des cas, ces familles ont une femme à leur tête. Le modèle le plus courant est composé d'une mère âgée de 30 à 40 ans, dans un peu plus de la moitié des cas avec un seul enfant, rarement trois ou plus.
Des différences socioéconomiques sensibles s'observent entre les " hommes monoparentaux " et les " femmes monoparentales. " Les premiers n'ont, en général, pas interrompu ou diminué leur activité professionnelle durant la vie commune et disposent de rémunérations plus élevées que les femmes.
À en croire Serge Hefez, psychiatre et thérapeute conjugal et familial, il est aujourd'hui plus difficile que jamais d'être parent actif. Surtout si l'on est une femme. " Les femmes ont besoin de plus de jours de congé que les hommes, car elles ont une double responsabilité, celle de leur famille et de leur travail. C'est à elles qu'incombent plus de 80 % des tâches familiales ", explique le psychiatre.
Les mères de famille monoparentale exercent moins souvent à temps partiel (26 %, contre 34 % pour les mères vivant en couple). Elles ont plus souvent recours aux modes de garde informels gratuits (amis ou famille), aux centres aérés, aux garderies périscolaires ou à l'étude. " Avec parfois de vrais casse-tête, comme quand les dates de vacances imposées par l'entreprise diffèrent de celles décidées par le juge aux affaires familiales lors d'un divorce ", commente Joàlle Lacroix, conseillère auprès de la Ligue des familles.
Et de souligner : " Il est clair que la précarité est plus liée au genre (masculin/féminin) qu'au caractère monoparental de la famille. Sachant que le coût d'un enfant est estimé à plus de 600 € par mois, pendant les grandes vacances, ceci montre l'importance des allocations familiales et la nécessité de les augmenter. "
Derniers articles
-
« Il faut que ce que nous prônons soit ce que le collaborateur vit au quotidien »
-
« Notre mission est de créer un environnement sécurisant et stimulant pour tous nos employés »
-
« Nous cherchons à développer l’équilibre entre la performance, le bien-être et une forme de robustesse pour faire face aux enjeux du monde actuel »