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Un patron peut-il extérioriser ses sentiments ?

Date de publication: 9 avr. 2010
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Non, il ne faut pas croire que les dirigeants doivent nécessairement apparaître comme insensibles. Ils peuvent quelquefois laisser apparaître leurs émotions, même si elles sont négatives. Cela ne pourra qu'améliorer la motivation de leurs collaborateurs. Voici quelques conseils émanant de gens qui ont étudié ce phénomène.

N'affichez pas un sourire de façade

Un patron qui passe par une phase économiquement difficile peut-il afficher ses émotions ? Cela pourrait sembler être à  la base d'un sentiment d'insécurité et de contrariété sur le lieu de travail, mais divers experts prétendent le contraire. Parmi eux figure Paul Meert, auteur, orateur et défenseur d'un mode de direction 'sans égo' : “La conviction qu'un manager ou un dirigeant ne peut pas laisser apparaître ses émotions ou ses faiblesses appartient au passé. Dans la situation économique difficile que nous traversons, les collaborateurs ont tout à  gagner à  avoir des dirigeants qui s'expriment avec franchise. Rien ne sert, en tant que manager, de vous cacher derrière un sourire de façade que la plupart de vos collaborateurs vont quand même percer à  jour. Ils apprécieront bien plus un dirigeant qui se montre tel qu'il est. La chaleur humaine est une valeur sûre, car elle crée des liens. Si donc vous éprouvez des difficultés, n'hésitez pas à  le laisser voir. Et faites de même lorsque vous êtes heureux.”

Faites en sorte que vos émotions soient adaptées à  la situation

Frédéric Damen, consultant au bureau de consultance en management GITP est également de cet avis. Il a remporté son titre en 2007 à  l'Erasmus Universiteit Rotterdam avec un mémoire intitulé : 'Prendre le leadership : le rôle de l'affectif dans l'efficacité des activités de direction'. Damen considère qu'une bonne direction est d'une importance capitale pour la survie et la progression d'une entreprise. Et que, tant pour le dirigeant que pour les collaborateurs, les émotions ont leur rôle à  jouer dans le leadership et dans le processus de motivation qui l'accompagne. En cette période de récession économique et de réorganisations, les émotions se manifestent quelquefois fortement sur le lieu de travail, mais elles ne sont pas vaines. Elles ont un rôle à  jouer et ont une fonction importante sur le lieu de travail, fait remarquer Damen. Les émotions doivent néanmoins être adaptées à  la situation, ajoute-t-il. Dans une situation de crise, la colère est une émotion plus appropriée que l'enthousiasme, parce qu'elle va, à  court terme, mieux stimuler les collaborateurs. Il faut cependant que ces derniers ne soient pas précisément soumis à  un grand stress au même moment, car ils n'ont dans ce cas rien à  gagner à  une crise de colère. L'enthousiasme est par contre une émotion qui exerce des effets positifs, certainement quand tout va bien sur le lieu de travail. En bref, il faut qu'il y ait une concordance entre les émotions qu'affiche le dirigeant et celles qu'éprouvent les collaborateurs.

N'entraînez pas vos collaborateurs dans vos caprices

Éric Albert, psychiatre et président de l'IFAS, Institut Français d'Action sur le Stress, considère que les émotions sont importantes pour un dirigeant mais recommande qu'il les garde à  un niveau aussi permanent que possible et n'entraîne pas ses collaborateurs dans les arcanes de ses humeurs. Selon Albert, un véritable leader communique sa bonne humeur, fait preuve de satisfaction et suscite l'optimisme. “Il n'y a qu'une règle qui prévaut en matière d'expression des émotions : on peut les afficher si elles font du bien au groupe et si elles augmentent sa motivation.”

Conclusion pour tous les dirigeants : le tout est de montrer ses émotions dans le contexte adéquat.

Texte : Dominique Soenens