Une formation pour déjouer les attaques informatiques
Mis sur pied grâce à la collaboration de nombreux professeurs, le master vise à former des experts capables de faire face à des cyberattaques. D’après Olivier Markowitch, coordinateur de la formation pour l’ULB (l’université référente), ces spécialistes sont essentiels pour aujourd’hui et demain.
Pourquoi avoir créé une formation en cybersécurité?
D’un côté, on observe qu’il y a un réel besoin en spécialistes dans ce domaine. D’un autre, on a remarqué que de petites formations existaient sur le sujet, mais elles n’avaient rien de vraiment structuré et organisé pour former des experts. Avec des collègues de différentes écoles, nous avons jugé pertinent de proposer une formation en deux ans qui touche ce domaine précis.
Il y avait donc une demande à laquelle il fallait absolument répondre?
Effectivement, à la fois dans l’industrie, mais aussi dans différents niveaux au sein du gouvernement, de l’État ou encore de l’Otan, où les personnes sont de plus en plus confrontées à des attaques informatiques. Nous avons besoin de gens compétents car le nombre d’attaques que subit le système informatique de nos instances gouvernementales croît et, surtout, nous ne sommes pas toujours armés pour les prévenir, pour y faire face et pour les analyser. Surtout que nous allons inévitablement vers un monde où les tensions existantes entre les États vont davantage s’exprimer par des attaques informatiques.
En quoi consistera ce master?
D’abord, il s’agit d’une association entre quatre universités – l’ULB, l’UCL, l’UNamur et l’Ecole royale militaire – et deux hautes écoles – la HEB et la HELB. L’idée de cette co-diplômation est de faire profiter aux étudiants de l’enseignement et des compétences propres à chaque établissement, puisqu’ils auront cours dans chacun d’entre eux. Il n’est pas question de choisir une école où suivre le master; il s’agit d’un seul programme réalisé par l’ensemble des coordinateurs, et qui se déroulera dans plusieurs écoles.
La formation comportera plusieurs axes. Premièrement, un axe multidisciplinaire, qui va contenir des cours de cryptographie, pour apprendre à gérer les outils de sécurisation de l’informatique. Il y aura aussi des cours sur ce qu’on appelle le «big data», c’est-à-dire la grande quantité de données qui peuvent mettre en danger la vie privée des gens. En outre, les étudiants suivront des cours de droit de l’informatique ou encore des cours de management. Le deuxième axe concerne les stages en entreprise, pour permettre aux étudiants de déjà développer des compétences pratiques au sein de l’industrie.
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Qui peut y accéder?
Il y a plusieurs profils attendus. Les bacheliers en informatique ou en ingénierie de l’université accèdent de plein droit au master, tout comme les étudiants qui sortent d’un bachelier en informatique en haute école. Toutefois, ces derniers devront suivre des crédits supplémentaires. La formation vise aussi les personnes déjà titulaires d’un master en ingénierie ou en informatique, ainsi que les personnes en reprise d’études, possédant déjà une certaine expérience professionnelle.
Quel sera le profil sortant d’un maître en cybersécurité?
Il sera très polyvalent, car nous aurons abordé un programme assez vaste dans le domaine. On va du management à l’éthique, en passant par le droit ou le «big data». Ils maîtriseront la thématique et seront capables de réaliser des tâches pratiques, comme le développement et l’utilisation d’outils qui vont assurer la sécurité informatique. Avec les cours de management, ils deviendront des décideurs, et grâce à la formation académique, ils pourront aussi faire de la recherche dans le domaine.
Témoignage :
"Mélanger deux publics différents"
Grâce à la collaboration de l’École royale militaire à ce master, les étudiants bénéficieront d’un accès à des compétences toutes particulières, propres à l’enseignement dispensé dans cette université. Ici, c’est l’aspect plus pratique du master, aspect qui tend à manquer à la formation universitaire, en général. «Nous avions déjà des compétences et proposions des cours en cybersécurité», explique Wim Mees, coordinateur du master pour l’École royale militaire. Avec la nouvelle formation, d’autres cours ont été ajoutés.
Ainsi, deux modules seront proposés au sein de l’établissement: le premier concerne la gestion de la sécurité informatique, pour concevoir des systèmes où l’information sera correctement protégée; le second se concentre sur l’analyse des machines endommagées, axé davantage sur «l’enquête judiciaire» de l’attaque subie. «On va rechercher qui a fait cela, ce qui s’est produit et comment, et ce qu’on peut mettre en place pour éviter que cela se reproduise à l’avenir», détaille Wim Mees.
Par ailleurs, le coordinateur souligne l’avantage relatif à l’organisation du master. La manière dont ce dernier est agencé permettra «à nos étudiants de suivre des cours dans d’autres universités et de bénéficier de leurs compétences». De même, l’École militaire royale accueillera des étudiants externes. Futurs officiers, bacheliers ou maîtres en informatique-ingénierie. «C’est intéressant de mélanger deux groupes et deux publics différents, qui pourront partager leurs connaissances», ajoute-t-il.
V.AN.