Une prime et d’autres avantages pour apprendre les métiers en pénurie
En juin dernier, le Forem établissait une nouvelle liste des fonctions critiques ou en pénurie pour la Wallonie. Cent métiers y sont répertoriés. A un peu plus d’une semaine de la rentrée, on fait le point sur les avantages proposés aux demandeurs d’emploi qui se forment à ces professions.
Qu’il s’agisse des services aux personnes et à la collectivité, du bâtiment et des travaux publics ou encore du transport et de la logistique, de nombreux secteurs figurent parmi la liste des 100 métiers répertoriés par le Forem comme critiques ou en pénurie en Wallonie. Une liste obtenue grâce au croisement des offres d’emploi publiées via le Forem et la réserve de main-d’œuvre, autrement dit le nombre de demandeurs d’emploi inscrits au sein de service public wallon de l’emploi et de la formation. «28 fonctions critiques et 72 métiers en pénurie sont repris cette année sur cette liste. On considère qu’une fonction est critique lorsque les offres d’emploi sont moins facilement satisfaites ou que cela prend plus de temps pour l’employeur. Les métiers en pénurie sont ceux pour lesquels la réserve de main-d’œuvre est insuffisante pour satisfaire l’ensemble des opportunités d’emploi connues du Forem. On calcule un indice de tension qui identifie un métier en pénurie quand moins de 15 demandeurs d’emploi sont disponibles pour 10offres», précise Yves Magnan, directeur des produits et services au Forem.
Parmi ces professions, nombreuses sont celles qui peinent à sortir de la liste établie chaque année par le Forem. «Classiquement, le métier d’électromécanicien se retrouve avec une certaine récurrence dans cette liste, mais c’est le cas aussi des métiers de couvreur, chauffagiste ou chauffeur poids lourd. Plus récemment, les métiers de l’informatique ont fait leur entrée, comme les analystes ou les développeurs. Il y a aussi beaucoup de tension en ce qui concerne la fonction d’infirmier», développe Yves Magnan.
130 formations aux fonctions critiques
Cette liste permet également au Forem d’adapter son offre de formations. Ainsi, sur les 273 formations qu’il propose, plus de 130 concernent des fonctions critiques. 90% d’entre elles étaient d’ailleurs couvertes par une formation dispensée par le Forem en 2018. Et pour encourager les demandeurs d’emploi à s’y former, plusieurs avantages sont mis en place, à commencer par un incitant financier. «Nous avons créé en Wallonie ce qu’on appelle l’Incitant+, une prime de 350 euros octroyée au demandeur d’emploi s’il va jusqu’au bout de sa formation ou s’il la quitte pour un emploi repris dans la liste des métiers en pénurie», explique Yves Magnan. A cela, s’ajoutent également des séances d’informations sur ces métiers en pénurie organisées au sein des centres de formation du Forem sous l’appellation des «Mardi d’avenir». «L’idée, c’est de toucher nos différents publics, mais principalement les jeunes qui sont soit sortis de l’école secondaire sans entreprendre d’études supplémentaires ou qui ont quitté l’école de manière prématurée sans avoir une vision professionnelle. L’enjeu est de taille parce qu’en Wallonie comme à Bruxelles, il y a beaucoup de demandeurs d’emploi de moins de 25-30 ans qui ont peu de qualifications, voire aucune. Le fait de se former n’est pas encore un réflexe pour ces jeunes, et ça devrait le devenir», confie Yves Magnan.
Regagner les bancs de l’école
De leur côté, les entreprises elles aussi se mobilisent avec la création des opérations «Coup de poing pénuries». «Les entreprises qui ont du mal à recruter certains profils viennent nous trouver et on établit ensemble un parcours de formation adapté à leurs besoins avec des stages en entreprises d’une durée de maximum 480 heures. Elles doivent pour cela rechercher au minimum huit personnes d’un même profil et s’engager à embaucher 80% des candidats qui sont allés jusqu’au bout de la formation. Cela fonctionne assez bien puisqu’il y a réellement un emploi à la clé», commente Yves Magnan.
Un dernier avantage a également été créé pour inciter les demandeurs d’emploi à s’insérer sur le marché du travail par une reprise d’études. «Le demandeur d’emploi qui reprend des études dans une filière qui figure parmi les métiers en pénurie peut bénéficier de ce qu’on appelle une dispense. Cela signifie que pendant une période donnée, il n’est plus tenu de prouver qu’il cherche de l’emploi. On lui enlève de cette façon une sorte de pression», explique Yves Magnan.
La mise en place de l’ensemble de ces avantages semble porter ses fruits puisque le Forem constate qu’au terme de ces formations, le taux d’insertion s’élève à près de 75%.
Consulter l’ensemble de la liste des métiers critiques ou en pénurie en Wallonie.