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WorldSkills: un compétiteur belge prometteur en Cloud computing

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 26 août 2019
Catégorie:

WS

Les 16 Red bears, les concurrents belges, sont entrés en compétition ce vendredi au WorldSkills, le mondial des métiers manuels, techniques et technologiques qui se tient en ce moment à Kazan en Russie. Parmi eux, Benjamin Nicodème concourt dans une toute nouvelle discipline: le Cloud computing.

Les yeux rivés sur son ordinateur, écouteurs vissés dans les oreilles, cela fait maintenant près de 3 h 30 que Benjamin Nicodème est à l’œuvre pour cette première journée de compétition de la 45e édition du WorldSkills, le mondial des métiers manuels, techniques et technologiques qui se déroule à Kazan en Russie. Sur son écran, des chiffres, des lettres et une succession de codes défilent minute après minute. Le jeune homme de 23 ans, originaire de Trooz en province de Liège, concourt dans la catégorie Cloud computing, une discipline qui fait son entrée cette année au mondial des métiers. Derrière ce terme quelque peu abstrait se cache une multitude de services informatiques réalisés via le Cloud, autrement dit Internet. Ces services peuvent par exemple concerner des serveurs, le stockage de bases de données, la gestion de réseau, des outils d’analyse ou encore l’intelligence artificielle.

Face à Benjamin, 15 concurrents, principalement originaires des pays asiatiques. Tous doivent faire preuve d’excellence dans la réalisation d’un Test Project, soit l’épreuve qui leur est imposée. Cette dernière a été créée par le géant du Web Amazon et se déroule sur un portail qui répond au nom d’AWS. Une tâche dont le jeune Belge n’a pu prendre connaissance que quelques minutes avant le début de la compétition. «Il doit créer une architecture réseau, activer des fonctions comme un site web ou un système de sauvegarde en ligne. Il y a donc tout un aspect de codage très important. Mais ça se résume à pouvoir maîtriser le logiciel et les technologies qui en découlent. C’est quelque chose qu’il connaît, donc en principe il n’y a pas trop de surprise», confie Robert Simus, expert en Cloud computing et également formateur en technologies réseaux à Technobel Ciney.

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Des possibilités de créativité

Mais le Cloud computing ne se limite pas à une succession de réglages techniques. «Il comprend également tout un aspect de création. Grâce un langage qu’on appelle le Script, un petit fichier texte qui comprend des mots clés, on peut créer toutes sortes de choses. Par exemple des mini programmes qui vont permettre de mesurer la température de l’ordinateur toutes les cinq minutes», développe Robert Simus.

En Cloud computing, chaque jour est placé sous le signe d’un thème imposé. Ce vendredi, c’était «le coût de revient» qui animait les prestations de chaque candidat. «Sur un portail comme celui d’Amazone, tous les services qu’une société sollicite coûtent de l’argent. Cela signifie qu’aujourd’hui, Benjamin doit optimiser les coûts de l’enclenchement de chaque service. S’il code de manière à provoquer le démarrage d’une machine par exemple, il doit s’arranger pour qu’elle ne consomme pas plus que nécessaire», détaille Robert Simus.

S’il est actuellement impossible d’estimer où se situe Benjamin en termes de compétences par rapport à ses concurrents, le jeune Belge présente des qualités non négligeables. Son atout majeur ? Son efficacité, à en croire Robert Simus. «Il sait toujours très vite où il va, ce qu’il fait et ce qu’il doit encore faire. C’est son atout principal. A la limite, je n’ai parfois même pas besoin de le coacher», reconnaît d’ailleurs l’expert. La pression serait, en revanche, facilement ressentie par le compétiteur belge.

L’expérience de la compétition

Une pression qu’il a toutefois appris à gérer puisque Benjamin Nicodème n’en est pas à sa première participation à un concours des métiers. En 2018, il a participé à l’EuroSkills de Budapest, mais dans une autre discipline: la gestion des Réseaux IT. «La principale différence réside dans le fait qu’en Cloud computing, le matériel physique disparaît. On dématérialise l’outil de travail, mais certains principes restent les mêmes», souligne Robert Simus. «Ça me met dans une position favorable par rapport à d’autres compétiteurs. J’ai déjà une expérience du déroulement de ce genre de compétition, je sais comment fonctionne la cotation, ce à quoi il faut être attentif. J’ai déjà pu le remarquer lors de la familiarisation avec nos postes de travail, cela m’a pris beaucoup moins de temps que d’autres. Après, ça reste une compétition mondiale, et en plus pour un nouveau métier, c’est donc difficile d’évaluer les compétences de ceux en face de qui je vais me trouver. Et puis, a priori, nous sommes déjà tous ici parce que nous sommes les meilleurs dans notre discipline», considère le Belge.

Ce samedi, la compétition en Cloud computing continuera autour du thème de la sécurité. Benjamin Nicodème, ainsi que les 15 autres compétiteurs belges, ont jusqu’à lundi soir pour prouver au monde entier qu’ils ont bel et bien de l’or dans les mains.

Se former en autodidacte et à l’étranger

Titulaire d’un bachelier en informatique et systèmes à finalité réseaux et télécom de la Haute Ecole de la province de Liège (HEPL), Benjamin Nicodème poursuit actuellement un master en cybersécurité en co-diplomation à l’ULB, l’UCL, l’UNamur, l’ERM, l’ESI et l’HELB. Sans formation spécifique dans le domaine du Cloud computing, c’est en autodidacte que le jeune homme a suivi des formations en ligne. «C’est assez facile, il suffit d’avoir un ordinateur et une connexion Internet», estime le candidat. Il n’empêche que pour permettre aux jeunes d’atteindre l’excellence dans ce métier, la Belgique reste un peu à la traîne. «C’est une discipline qui n’est pas encore très développée en Belgique. Nous n’avons pas de fournisseurs de services Cloud vraiment imposants dans notre pays, contrairement à nos voisins français qui ne se situent pas mal sur le marché mondial», explique Robert Simus. Peu de jeunes en Belgique sont actuellement formés à ce métier, il est donc compliqué d’organiser des compétitions pour préparer au mieux un candidat pour un mondial.

Pour se mesurer à d’autres compétiteurs et se perfectionner, Benjamin s’est rendu à l’étranger. «J’ai participé à la sélection irlandaise pour Kazan en tant qu’invité. Ça m’a permis de mesurer mes compétences dans les conditions réelles d’une compétition, parce que finalement c’est une discipline dans laquelle je débute», rappelle le jeune homme. C’est ensuite pour une compétition à New-Delhi en Inde que s’est envolé le compétiteur belge. Il y a d’ailleurs décroché une médaille d’argent, à égalité avec le compétiteur brésilien. «C’est de bon augure pour le WorldSkills, puisque certains candidats qu’il affronte, comme l’Irlandais, étaient, eux aussi, présents en Inde», estime Robert Simus. Médaille ou non à la clé, Benjamin Nicodème voit dans le WorldSkills une nouvelle occasion de compléter son CV: «Le simple fait d’avoir une compétition de ce type sur son CV est un plus, mais j’ajoute également une nouvelle corde à mon arc. Avec l’Informatic system, la cybersécurité et maintenant le Cloud, j’ai une formation très complète».

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